À Saint-Jory, le salon familial, rebaptisé Romain Mouynet Coiffure, fait figure d’exemple. Et pour cause ! Cinq générations de coiffeurs s’y sont succédé… Toujours avec succès !
C’est un autre temps qu’évoque avec nostalgie Patrick Mouynet, très attaché aux valeurs familiales. « Je me souviens de tout ce système qui gravitait autour de moi, au rythme des fêtes religieuses, des vendanges et des moissons. Le cliquetis du rideau en bambou que mon grand-père installait l’été, tandis que le bal de la Saint-Laurent se tenait sur la place du village de Saint-Jory. Les dimanches en bord de Garonne, quand mon père partait à vélo pour assurer les clients âgés ou malades à domicile. L’immense miroir où plusieurs générations se sont mirées et derrière lequel mon grand-père cachait des revues de femmes dénudées. » Son rêve à l’époque ? « S’arracher », se libérer du pensionnat pour faire son apprentissage de coiffure auprès des hommes de la famille. « Nos aïeux, agriculteurs, ont connu les guerres et les crises. Mon grand-père, à 14 ans, assurait l’exploitation agricole et le salon. » Pas de doute : la coiffure était une vocation. « J’ai grandi dans le salon, lieu de rendez-vous dominical où les clients venaient se faire raser après la messe. »
Rester à la page
Aujourd’hui, l’entreprise familiale demeure portée par son fils, Romain, 35 ans, représentant de la 5e génération, tout comme son frère, emporté trop tôt par la maladie. « Notre arrière-arrière-grand-père a fondé ce salon pour homme en 1903. » Devenue mixte en 1989, l’adresse a su évoluer au gré des nouvelles techniques et des nouveaux produits. Au fil des décennies, chaque nouvelle génération a travaillé avec l’ancienne, apportant un souffle nouveau pour rester à la page. « J’ai des photos de mon grand-père ou mon arrière-grand-père en blouse, pantoufles et béret dans le salon », s’amuse Romain, expert-coiffeur national et international de Worldskills France (Comité français des Olympiades des métiers). Sous son impulsion, le temple familial ne dément pas son succès. Il faut dire qu’il a su se mettre au défi pour exceller dans son domaine. « J’ai participé à des concours avec la Fédération, comme le Championnat de France, d’Europe ou du monde. » Mais pas seulement ! « Il faut toujours se remettre en question pour évoluer. Je fais des stages pour voir ce qu’il se passe ailleurs. J’apprends avec des personnalités comme Stéphane Amaru. » Aujourd’hui, deux clients sont témoins de cette saga familiale. « Ils ont connu les cinq générations et toutes les époques du salon », souligne Romain.
Dialogue, écoute… et liberté !
Tandis que le plus jeune prône l’écoute et le dialogue comme clés du succès, l’aîné insiste sur la notion de liberté à donner à la nouvelle génération pour se moderniser. Travailler dans l’enseigne familiale était une évidence pour Romain. « J’ai toujours entendu mon père valoriser son métier. J’en avais une image positive. » S’il est à la retraite depuis 2010, Patrick reste animé par sa passion. « Je forme des salons aux techniques de rasage et de taille de barbe. Comme nous avons gardé le vieux matériel, je participe aussi à des journées du terroir qui réunissent les métiers anciens. » Mais chez les Mouynet, la coiffure serait-elle une affaire d’hommes ? « Nos femmes et nos mères ont contribué à la réussite du salon. Elles étaient en arrière-boutique, mais leur rôle était de la plus haute importance. »
Excellent.