Elle paie 35 € pour sa coupe courte, lui s’en tire pour 20 €. Dans le même salon à Saint-Malo. Soit quasiment le double pour Madame ! Un grand classique… À l’heure où l’égalité homme-femme est devenue une urgence tant elle semble menacée, cette différence de prix selon le genre ne passe plus.
Le site de 60 millions de consommateurs (www.60millions-mag.com) affirme recevoir, régulièrement, des courriers de lectrices s’indignant de cette injustice. Sur les réseaux sociaux, la colère gronde. Réuni sur le compte Instagram @coiffure.en.lutte, un collectif de professionnels de la coiffure mais aussi de divers secteurs lutte contre les discriminations en salon. Parmi les combats, l’accessibilité, la prise en charge des cheveux bouclés, frisés et crêpus et donc, bien entendu, les tarifs genrés. Taxés de sexisme, certains salons font en effet payer bien plus cher selon le genre.
Une étude menée en 2018 par Consommation, logement et cadre de vie (www.clcv.org), une association nationale de défense des consommateurs et des usagers, pointait déjà du doigt cette différence de traitement. En effet, la conclusion de l’enquête, après analyse des 902 relevés effectués d’août à octobre par les bénévoles, était sans appel. Le forfait « shampooing-coupe-coiffage » s’élevait à 20,46 € pour les hommes contre 30,07 € pour les femmes…
En finir avec la taxe rose…
Cette étude dénonçait donc l’application, en salon, d’une « taxe rose », expression utilisée pour désigner les produits ou services destinés aux femmes et plus onéreux que leur équivalent pour les hommes. Ne serait-il pas temps de changer les règles et d’en finir avec les tarifs genrés ? Mais attention : il n’est pas question de tirer la profession vers le bas !
Cette gronde surgit au moment où, en parallèle, certains coiffeurs homme et barbiers œuvrent pour une réévaluation de leur savoir-faire. En effet, interviewé par Biblond dans le cadre du dossier Barbiers (numéro 91), Marc Thibault, coiffeur, barbier, formateur, DA Men Stories et ambassadeur Wahl, fait de la revalorisation du métier l’une des ses priorités. Offrir des prestations de beauté masculine est un plus… À condition d’être tarifé correctement ! Pour aller dans le bon sens, il ne s’agit pas de revoir les tarifs dame à la baisse mais bien de faire valoir votre expertise. La solution proposée par le collectif Coiffure en lutte ? Un tarif à la minute qui rendrait alors les prix plus équitables.