Au XVIe siècle, il existait des cours des miracles qui étaient des repaires de brigands détroussant les honnêtes travailleurs, faisant croire à des handicaps. Aujourd’hui, d’autres pratiques sont employées.
La rupture de contrat conventionnelle est-elle le braquage déguisé des salons de coiffure ?
Les cours des miracles réapparaissent aujourd’hui, mais l’arnaque est sociale et tout le monde paie. Faux malades cautionnés par leurs médecins, faux stressés, faux chômeurs… Le nombre explose et ce n’est pas près de s’arrêter. Dans la coiffure, le constat est alarmant, c’est une véritable hémorragie ! À chaque fois que je rencontre un entrepreneur, il me parle du nombre de licenciements à l’amiable réclamés, et l’entreprise devient petit à petit un ticket pour Pôle Emploi.
Rupture à l’amiable (ou rupture de contrat conventionnelle)
Voici un exemple parmi des dizaines que je pourrais vous raconter. Pierre possède un salon dans le centre de la France, il a trois salariés et commence le mois de décembre quand Nadine, une de ses collaboratrices, lui dit qu’elle veut arrêter de travailler pour opérer un virage professionnel. Elle lui demande alors une rupture à l’amiable qui lui permettrait de percevoir les indemnités Assedic pendant sa reconversion. Pierre accepte à contrecoeur de se séparer de la coiffeuse et de son chiffre d’affaires. Il entame alors la procédure. Pendant ce temps, une deuxième salariée, Carole, se prépare à demander la même chose car elle vient d’apprendre que l’on pouvait avoir droit aux Assedic pendant deux ans, ce qui laisse le temps de s’essayer à d’autres horizons ou à des passions différentes. Pierre, agacé, lui demande de démissionner. Elle refuse et se met en maladie pour stress sur le lieu de travail. Ne pouvant plus assumer son carnet de rendez-vous et son chiffre d’affaires, Pierre la convoque pour lui demander de reprendre son travail normalement. Elle lui rétorque qu’il n’a qu’à la licencier ou s’arranger pour rompre à l’amiable… Fatigué du harcèlement qu’il subit, il capitule et fait une rupture à l’amiable… Un mois plus tard, il se retrouve seul avec une apprentie qui, certains soirs, reçoit la visite de ses anciennes collègues pour boire un verre comme elles en avaient l’habitude. Quelques semaines plus tard, c’est l’apprentie qui se met à réfléchir en voyant ses ex-collègues « tellement mieux maintenant »… C’est le moment, se dit-elle, de faire de la coiffure studio. Elle va donc demander une rupture, elle y a droit aussi…
Conscience professionnelle
Pierre préfère rester seul maintenant. Heureusement, bon nombre de gens encore ont une conscience professionnelle et ne tombent pas dans le piège. Quand un salarié veut quitter son emploi, il peut le faire sans souci en France, mais quand l’entrepreneur décide de se séparer d’un employé, c’est un prud’homme les trois quarts du temps. L’entreprise est un ticket de passage pour les Assedic. Tant que les règles ne seront pas identiques pour les salariés et les entrepreneurs, tant qu’il n’y aura pas de contrôle maladie, chômage ou nombre de prud’hommes cumulés par la même personne, les abus continueront. Nos protections sociales sont devenues tellement efficaces qu’elles se retournent contre nous ! Un nombre croissant de personnes ont décidé de travailler quelque temps en entreprise pour cumuler des avantages ou provoquer des prud’hommes qui ruinent la productivité des entreprises et poussent les entrepreneurs à être méfiants.
Stephane Amaru
Est-ce que j’exagère ?
Le constat est alarmant, dans la coiffure c’est un véritable hématome qui est en train de se répandre sans que quiconque ne s’en inquiète. Pourtant, les entrepreneurs sont aujourd’hui en position de faiblesse, ce qui les empêche d’être productifs. On ne parle en politique que d’entreprises du CAC 40, mais pas des petites et moyennes entreprises qui pourtant sont génératrices du plus grand nombre d’emplois en France. Messieurs du gouvernement et messieurs les élus syndicaux, ceci un message d’alerte rouge ! Les aides à l’emploi ne servent à rien ! C’est l’inégalité des droits entre entrepreneurs et salariés qui doit être changée. La peur de perdre son emploi n’est plus d’actualité dans la coiffure, ce qui rend le management impossible. Si ce point ne change pas, le chômage continuera de grimper et la sécurité sociale sera encore plus en faillite. L’entreprise française s’endette chaque seconde de 5 200 euros et les intérêts coûtent 2 200 euros chaque seconde à la France… La France, c’est nous ! Le contrôle des abus sociaux devrait être encadré, et chaque personne devrait disposer d’un crédit chômage, maladie et prud’hommes pour ne pas abuser d’un système fantastique qui disparaîtra si une minorité d’égoïstes n’arrêtent pas d’y pomper !