OYEz OYEz ! Enfin des femmes aux cheveux bouclés, crépus, dans les transports en commun. Je rêve, dis-moi que je rêve ! Finis la dictature du cheveu lisse, le défrisage, le tissage ou autres matières inertes, vus sur les femmes noires depuis toujours.
Le cheveu naturel est de retour. Il se porte court, ondulé, crépu, natté, tressé. Le must, coloré…
De Solange Knowles à Thandie Newton ou, plus proche de nous, Rokaya Diallo ou Aissa Maïga qui ont toujours prouvé qu’on peut être sublime sans avoir de faux cheveux sur la tête.
Certaines mauvaises langues diront : « c’est hype pour le moment, mais ce n’est qu’une tendance ! »
Je ne le pense pas. La réalité, c’est que les femmes de couleur se réapproprient leur identité et veulent décider et choisir ce qui semble bon pour elles et non pas pour la société dans laquelle elles évoluent.
Maintenant, ne tombons pas non plus dans l’excès avec la dictature du « nappy » : certaines blogueuses roulent des yeux et tombent dans les pommes dès qu’elles entendent parler défrisage, mèches brésiliennes ou dès qu’elles voient une photo de Beyoncé !
Aujourd’hui, on a le choix ! Fini le temps où, lorsque vous étiez sur le point de sortir, votre mère, tante ou amie de la famille vous regardait comme le diable, les yeux grands ouverts et vous lançait : « Non mais, tu ne comptes pas sortir avec une tête comme ça ? » Époque révolue, alors ? Non, mais c’est en bonne voie . De bonnes habitudes s’installent et vu l’engouement de grandes marques capillaires et la croissance des blogs nappy sur la Toile, ce n’est plus une tendance…, mais un marché. Voilà, on y arrive !
Qui dit marché dit euros ! On parle de gammes de produits destinés à cette population toujours à la recherche du meilleur. Les statistiques ethniques étant interdites, difficile, en revanche, de mesurer exactement cette population cible. Les estimations varient entre « 3 millions de personnes, dont un million d’Antillais, pour Yohann Cohen, directeur général de la marque de cosmétiques ethniques MGC. Et 7 millions de clients potentiels si l’on ajoute les 4,5 millions d’arabo-berbères ». Le marché des cosmétiques ethniques pèse aujourd’hui plus de 70 millions d’euros en France.
Seule certitude, « il s’agit d’une population sur-consommatrice, dont le panier moyen par cliente est entre 3 et 5 fois supérieur à celui d’une caucasienne ». Dans les magasins MGC, numéro 1 des cosmétiques ethniques en France, le panier mensuel s’élève ainsi à 180 euros. Le produit phare de la société, un lait corporel, se vend à un million d’unités par an.
Fouzhia M’pinda, jeune entrepreneure et créatrice de la gamme bio Beauté d’ici et d’ailleurs, a flairé le bon filon. Elle propose une petite gamme de produits destinés aux cheveux naturels, et terriblement efficace ! Je les ai testés et depuis je les utilise sur mes shootings beauté, afin de soigner et de réveiller la matière de ce type de cheveu.
Beaucoup de coiffeurs sont encore réticents à ouvrir leurs portes à cette clientèle ? Ils font une erreur, car il y a vraiment de quoi faire !
Franck Provost, son département Niwel et ses produits peuvent en témoigner. Ou encore l’enseigne Ethnicia, lancée il y a sept ans, qui compte aujourd’hui 17 salons de beauté (dont 5 en franchise). 17 écrins -– offrant des prestations allant de la coiffure au maquillage en passant par le soin – en passe d’être rebaptisés du nom de leur fondatrice : Hapsatou Sy.
Mario Epanya