Après l’UNEC (voir notre news ici), c’est au tour de l’autre organisation professionnelle de référence de la coiffure, le CNEC (Conseil national des entreprises de coiffure) de dévoiler son rapport de branche. Cette neuvième édition – composée d’une partie économique et d’une partie sociale – propose un état des lieux du secteur de la coiffure pour l’année 2022.
La coiffure comptait 101 935 établissements soit une hausse de 2 % par rapport à 2021. Mais comment se répartissent-ils ? 68 % sont des salons et un quart des coiffeurs à domicile. Les régions qui comptent le plus de salons ? Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, PACA et Occitanie avec plus de 10 000 établissements chacune.
Autre constat ? La part d’établissements n’employant aucun salarié poursuit son augmentation, atteignant 62 %, soit une hausse d’un point par rapport à 2021. Seuls 0,5 % emploient plus de 10 salariés et 2,5 % 6 à 9 salariés. Près qu’un quart compte 1 salarié ou 2. Et pour cause : le nombre d’établissements employeurs est de 38 712, en recul de 1 % par rapport à 2021. Il faut dire que la quasi-totalité des coiffeurs à domicile, 95 %, travaillent seuls. Et encore une fois, l’Ile de France reste la championne avec 6 659 établissements qui comptent au moins un salarié soit 17 % de l’ensemble des salons employeurs contre seulement 1 896 salons en Bretagne.
Reste stable aussi la répartition des établissements selon leur type. En effet, les salons indépendants demeurent majoritaires, soit 64 % sur l’ensemble et 76 % des établissements employeurs. Seuls 3,5 % des établissements employeurs sont des coiffeurs à domicile. Les salons sous enseigne représentent 20,5 % des établissements employeurs, mais seulement 8 % sur l’ensemble des établissements.
Autre point important de ce rapport annuel, le taux de défaillances du secteur – comprendre : les entreprises qui ne sont plus en mesure de faire face à leur obligations financières comme le paiement des fournisseurs, des salaires ou autres dettes. Après avoir atteint son point le plus haut en 2019 avec 3,3 % et malgré les crises (Covid, inflation, guerre), il reste plutôt stable entre 2020 et 2022 avec 2,2 %. Moins élevé par exemple que le taux de défaillances des instituts de beauté qui s’élève à 3,6 % en moyenne. Toutefois, le CNEC pressent une hausse de ce taux en 2023 pour les salons de coiffure, liée au ralentissement de la fréquentation, à la fin des aides de l’État pour palier la pandémie et à la hausse des coûts. Malgré tout, les professionnels de la coiffure restent motivés. En effet, en 2022, le nombre de nouvelles immatriculations – créations ou reprises – a atteint 8 063 créations ou reprises d’entreprises, soit 469 de plus qu’en 2021.
Mais quid du chiffre d’affaires ? La bonne nouvelle, c’est qu’en 2022 la consommation des ménages en service de coiffure a connu une hausse de 6 %. Rappelons toutefois que, au premier trimestre 2021, les couvre-feux avaient contraints les salons à fermer plus tôt tandis que les établissements dans les grands centres commerciaux avaient dû cesser leur activité au premier semestre. Autre explication de cette hausse en 2022 ? La reprises des événements et des rencontres comme les mariages, les anniversaires ou les séminaires. Saluons aussi la capacité à se réinventer. En effet, les salons de coiffure ont su flairer les tendances et anticiper les nouvelles attentes des consommateurs. Parmi elles, citons la naturalité, l’intérêt croissant pour les produits capillaires grâce au mouvement du DIY mais aussi la clientèle masculine en demande de services de barbiers.
Le chiffre d’affaires des professionnels de la coiffure en 2022 progresse de 6% en moyenne. Cette hausse concerne aussi bien les salons que les indépendants, en Île-de-France comme en province. Mais comment se répartit ce chiffre d’affaires ? En 2022, les prestations coiffure représentaient 87,5 % du CA suivies par les ventes de produits. Et si la coiffure homme prend de l’ampleur, les prestation femmes restent largement plus lucratives puisqu’elles comptabilisent plus des deux tiers du CA. Quant aux dépenses des salons, les matières premières et les approvisionnements (produits, soins au bac, coloration…) représentent 10,5 % du CA tandis que le poids des autres charges (eau, énergie, fournitures administratives, frais postaux, services bancaires) est estimé à 26,9 % du CA. Enfin, les frais de personnel, dont les salaires, représentent 58,6 % du CA d’un salon. Tout cela porte à 2,2 % du CA l’Excédent brut d’exploitation (EBE) d’un salon de coiffure en 2022.
Autre fait notable en 2022 ? 11 % des établissements affirment avoir mis en place un nouveau service. Parmi les plus cités en 2022, dans l’ordre : lissage, soins au botox, barbier, coloration végétale.
Et quel est le montant la fiche moyenne en 2022 ? 51,40 euros pour les femmes contre 48,90 euros en 2021, et 23,30 euros pour les hommes contre 23,10 euros en 2021. Le prix moyen d’un shampooing-coupe-coiffage est de 37,50 euros pour les femmes contre 23,60 euros pour les hommes. Pour les fiches moyennes comme pour les tarifs appliqués, on constate des aspérités. Les tarifs sont plus élevés dans les salons sous enseigne et en Île-de-France. De quoi encourager indépendants, salons en province ou coiffeurs à domicile à revaloriser leurs tarifs.
Si le bilan ne semble pas négatif, il reste plutôt mitigé. En effet, une grande partie des établissements de coiffure constate une diminution de nombre de visites de leur clients en 2022. 40 % d’entre eux déclarent que l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat des clients est fort, et 22 % le disent très fort. Enfin, un établissement sur deux a connu une dégradation de sa trésorerie en 2022 par rapport à 2021. La principale cause ? 79 % des établissements concernés citent la hausse des charges variables tandis que 90,5 % des salons sous enseigne citent la charge fixe comme raison principale.
Enfin, le rapport observe les variations opérées du côté des effectifs. En 2022, la profession comptait 179 816 actifs, soit une hausse de 0,5 % par rapport à 2021. 67 % travaillent dans un salon indépendant, 28 % dans un salon sous enseigne et 15 % à domicile. Autre hausse constatée ? 60,5 % des actifs sont salariés, soit une augmentation de 1 point par rapport à 2021.
Les non-salariés (plus de 90 % des dirigeants) représentent 71 100 actifs, soit une baisse de 1,5 % par rapport à 2021. Toutefois, ils ne sont que 6,5 % dans les salons sous enseigne, ces établissements employant plus du quart total des actifs.
Enfin, notons que la coiffure demeure un métier de femmes. En effet, elles représentent 83 % des chefs d’entreprise de la coiffure en 2022. Cette proportion est encore plus élevée chez les coiffeurs à domicile puisqu’elle s’élève à 91 %. Même part chez les salariés puisque les femmes représentent 87 %.