En architecture comme en coiffure, il est question de créations, de lignes, de volumes… D’où certains points communs. Anne Gayet, architecte à l’agence bordelaise Brochet Lajus Pueyo, et Danielle Atzebhiffer, coiffeuse chez Art Modia coiffeurs à Molshem, se sont prêtées au jeu de la comparaison…
La géométrie
Le coiffeur : Le rapport aux lignes et aux formes ne se limite pas à savoir couper droit. Quand un coiffeur s’apprête à réaliser une coupe, il visualise le résultat. Il travaille sur les volumes pour voir comment obtenir ce qu’il recherche.
L’architecte : L’architecture consiste à créer des volumes, planifier des espaces dans lesquels il est possible de vivre et de se déplacer. Aujourd’hui, on réfléchit à ce qui sera agréable pour ceux qui occuperont les lieux. Les questions à se poser concernent le rapport entre la fonction et le volume.
Le côté artistique
Le coiffeur : Chaque coiffeur a sa propre vision de ce qu’il veut créer et possède sa manière personnelle de réaliser chaque coiffure. S’il est limité dans la coupe à réaliser, il peut jouer sur les couleurs, proposer une manière particulière de disposer les cheveux, ajouter des accessoires…
L’architecte : Il est question plutôt de style. Le professionnel pense un bâtiment dans son intégralité, il s’exprime tout au long de son travail. La marge de subjectivité varie en fonction de la demande du client. Exemple, les HLM répondent à des critères très précis. La part de personnalité que l’architecte pourra exprimer se réduit d’autant plus.
Les contraintes d’harmonie
Le coiffeur : Le visage lui même correspond à un volume. La coiffure est travaillée en fonction des traits de la personne. La forme à atteindre : l’ovale. Par exemple, on évite les coiffures rondes sur les visages ronds. Le coiffeur adapte le travail selon la manière dont ressort le nez, dont les yeux entrent dans la tête. Il travaille sur les volumes pour allonger le visage, dissimuler un petit défaut, souligner tel autre trait.
L’architecte : Pour adapter un bâtiment à un lieu, l’architecte se confronte à toute une législation qui n’existe évidemment pas en coiffure ! Exemple, les Plans locaux d’urbanisme (PLU) avec règles, comme une hauteur à respecter. Ensuite, l’architecte procède à une étude urbaine pour savoir comment intégrer le bâtiment dans le paysage ou la ville qui l’accueille. Il faut ensuite prendre en compte la lumière, l’orientation nord-sud, les faces exposées à des voieries bruyantes…
L’écoute des désirs du client
Le coiffeur : Non seulement le coiffeur part de la demande de son client, mais il lui pose des questions sur ses habitudes de coiffure : le temps que la cliente veut consacrer à se coiffer le matin, le degré de sophistication recherché… Enfin, il sonde son style. Une fois ses informations recueillies, il propose une coupe qui intègre ces éléments en se rapprochant au maximum du désir exprimé.
L’architecte : L’architecte part toujours de la demande du client, et essaie de suivre au maximum sa volonté. Si vraiment le souhait se révèle incohérent ou inesthétique, le professionnel proposera une alternative plus cohérente, mais en dernier recours.