Les avis sont partagés… Aline Legoupil, Christophe-Nicolas Biot, David Katchadourian et Thierry Bordenave ont partagé avec nous leur vision de leur métier durant ce confinement sanitaire.
Certains coiffeurs ont souhaité accompagner leurs clientes durant cette crise sanitaire. Les conseils ont fleuri sur les réseaux. Comment se couper les cheveux, réaliser une frange, comment faire une couleur, un brushing, une coiffure élaborée…
Les coiffeurs ont l’habitude de partager, qu’il s’agisse de prestations clientèle, de formation suivies ou dispensées, de shows… Alors, l’éloignement est une étape difficile, durant laquelle de nombreuses questions se font jour. Certains coiffeurs, inquiets de la réaction de leurs clients, ont fait passer des messages sur les réseaux sociaux, leur disant de ne surtout pas se couper les cheveux, ni faire des couleurs… D’autres encore ont dispensé des formations sur Facebook, YouTube ou autres…
Christophe-Nicolas Biot
« Ce n’est pas nouveau pour moi. Dès 2013, j’ai créé le Bar des coloristes, basé sur le même principe : diagnostic, conseil, prescription, consultation et ensuite vente de produits pour que la cliente se débrouille à la maison. Du coup, après l’annonce du 14 mars dernier, j’ai appelé mon attachée de presse en lui disant que nous allions faire un communiqué et mettre en place un vrai concept. Il n’y a rien de mercantile dans cette démarche, plutôt un esprit de conseil, d’accompagnement. Je sens bien que les gens ont besoin de proximité dans ces moments-là. Je partage mes conseils, pas uniquement sur la coloration, mais aussi sur les soins, les rituels… Il y a en ce moment un vrai besoin de conseils ! Cependant, il faut être prudent.
Donner des conseils sur la façon de couper sa frange, d’accord, mais ce qui m’a vraiment choqué c’est d’expliquer comment s’appliquer une couleur pour dire ensuite aux clientes qu’elles peuvent acheter leur couleur en grand magasin ! En tant que professionnel, ambassadeur d’une marque ou non, comment peut-on inviter les clientes à aller une couleur en supermarché ? En ce qui me concerne, j’ai l’habitude de préparer les couleurs pour mes clientes qui partent en vacances, qui s’absentent. Je leur ai donc proposé de faire mes services et mes conseils comme avant. Ma philosophie a toujours été de donner et partager. Il ne faut pas le faire uniquement avec ses collègues, mais aussi avec ses clientes ! Les professionnels qui auront su être à l’écoute et partager sont ceux que les clientes viendront voir plus tard. »
Aline Legoupil
« Nous sommes quasiment tous d’accord pour encourager nos clients à ne rien faire d’autre que des soins, voire de couper leur frange ! Certains s’aventurent à faire des tutos coupes… Je suis assez mitigée ! Mais bon, comme visiblement, ils vont se couper les cheveux tous seuls quand même… autant leur donner quelques pistes ! Ce qui est sûr, c’est que, tous, nous nous sommes aperçus de l’importance des réseaux sociaux pour communiquer, avec nos collègues mais surtout avec nos clients ! Pour certains c’était déjà une habitude, pour d’autres, c’est une découverte ! Pas facile de donner des conseils de loin ! On trouve tout, il faut rester prudent !
En ce qui me concerne, j’ai choisi de communiquer sur ce que je pense être à la fois utile pour mes clients, mais aussi pour les coiffeurs ! Les retours que j’ai sont vraiment sympathiques ! De jolis moments de partage mère/fille pour certains et l’occasion de se découvrir de nouveaux talents pour d’autres ! L’essentiel étant que chacun y trouve son compte ! C’est fou l’importance de notre profession d’un seul coup ! Trois semaines sans coiffeurs et le monde est perdu ! »
Thierry Bordenave
« Je suis globalement contre l’idée de donner des conseils à distance, même si nous savons bien cela ne va pas nous faire perdre de la clientèle. Notre métier est un art avec un vrai savoir-faire. Proposer des conseils sur la coupe, c’est à mon sens banaliser où normaliser notre travail alors que c’est un savoir-faire très important.
Les conseils techniques sur la coloration me gênent moins, car c’est un service qui est déjà à la vente ailleurs (grandes surfaces). Mais comme pour la coupe, nous savons aussi que le diagnostic du professionnel est irremplaçable. Dans tous les cas, les clients se rendent compte que nous sommes de vrais professionnels. »
David Katchadourian
« Qu’il y ait des conseils, je peux tout à fait le concevoir. Le seul lien social que l’on peut garder en ce moment est un lien virtuel. Alors je peux comprendre que les gens aient besoin d’échanger. Mais « l’auto-coiffure », je ne suis pas forcement pour. Les conseils sur les réseaux concernant la manière de se couper les cheveux, de faire une couleur… vont générer des catastrophes ! Nous serons obligés de récupérer par la suite. Il me semble qu’en ce moment il y a des choses plus importantes dont il faut se soucier. Préserver sa santé est primordial. Donc, mon conseil, c’est d’éviter de « s’auto-coiffer » !
Il y a d’autres types de vidéos, d’échanges, qui sont plus liés à des échanges professionnels, où beaucoup font des tutos. Cela part d’un bon sentiment, mais il est évident que cela ne remplace pas la formation en présentiel. La démarche est compréhensible, mais je suis un peu perplexe quant à son efficacité. Cette situation m’a amené à une remise en cause, à une réflexion profonde. C’est la raison pour laquelle que je vais me pencher sur le e-learning dans les mois qui viennent. Comme je suis motivé fondamentalement par la notion de partage et d’échange, ces vidéos seront à destination des coiffeurs et elles seront gratuites. »
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