Il ne se voile pas la face. Pour Stéphane Amaru, la clientèle d’un salon appartient au coiffeur.Mieux, cela a toujours été comme cela, plus ou moins toléré. « Il y a toujours eu des coiffeurs qui glissaient leur numéro de téléphone à des clientes pour qu’elles les appellent si besoin, se souvient-il. Avec Facebook, c’est devenu encore plus facile de se retrouver et de donner rendez-vous. »
Résultat : « aujourd’hui, on est à moitié-moitié. La fédé s’alarme car il y a 10000 entreprises répertoriées à domicile aujourd’hui. Elles étaient 3000 il n’y a pas si longtemps. On peut facilement doubler le chiffre si on inclut celles qui ne sont pas déclarées ».
Et pour ce manager de salon, toujours à l’affût du nouveau concept, la migration de la clientèle vers un coiffeur pose évidemment problème. Que ce soit pour faire du domicile ou pour installer directement un salon « clandestin » chez lui, le coiffeur qui quitte un salon avec pignon sur rue aurait ainsi tendance à tuer le métier.
« Ce n’est pas bon pour la profession car cela engendre du “black”, liste Stéphane Amaru. Cela pose un problème de solidité des enseignes, baisse l’image de la coiffure, atteint son économie et réduit les embauches. Le coiffeur touche le chômage pendant deux ans, il fait un peu de “black” avec la clientèle qu’il a conservée et se refait un carnet d’adresses avec le bouche-à-oreille. Il ne paie pas l’Ursaff, pas de taxe… C’est à se demander si cela vaut le coup de s’installer. »
Le nouveau statut d’auto-entrepreneur n’arrangerait pas les affaires des managers : « C’est une catastrophe pour nous », commente Stéphane Amaru.
Pour éviter la fuite des coiffeurs et ensuite des clients, Stéphane Amaru joue sur « une bonne politique de formation et sur la lassitude de travailler tout seul ». Si ces deux moteurs ne fonctionnent pas, il reste la location de fauteuil. Stéphane va accueillir en juin son premier coiffeur domicilié : « pour 1000 euros par mois, il aura droit aux services de notre réceptionniste, de l’assistant, et il garde la totalité de son chiffre d’affaires ».
Le concept n’est pas habituel, « c’est un test, le coiffeur devient le client par procuration. Mais il fallait trouver une parade pour enrayer le phénomène. Sinon tout ce business va nous tuer ».