Concurrence, zone de chalandise, environnement… Comme un diagnostic, l’étude de marché permet de collecter des informations pour déterminer les opportunités de développement d’un salon.
Impossible aujourd’hui de faire l’impasse sur une étude de marché. Laurent Melin, responsable de Take Off Business Development qui accompagne et développe des entreprises de coiffure, est catégorique. « La France compte plus de 82 700 entreprises de coiffure, assure-t-il. Nous ne pouvons plus nous permettre de nous lancer au coup de coeur. Il faut étudier en amont si le projet d’implantation est pertinent ou pas. » L’étude de marché permet en effet de déterminer une opportunité commerciale et son potentiel. « Dans le milieu de la coiffure, la concurrence est rude, les paniers moyens sont peu élevés, ajoute Jérémy Renchy, expert-comptable à Lyon. L’objet de l’étude de marché est de s’assurer que l’emplacement, les services proposés rencontreront une demande suffisante. Elle sert aussi de support pour démontrer la viabilité d’un projet aux banquiers. » Pas facile pour autant de se lancer. Que faut-il regarder ? Quelles informations chercher ? Comment procéder ? Comme une équation à multiples inconnues, plusieurs informations sont à collecter et à analyser afin d’obtenir une vue d’ensemble du marché à conquérir.
Se différencier en restant cohérent
Mieux vaut démarrer par un examen attentif des données chiffrées disponibles sur le département afin de déterminer si l’endroit est saturé ou pas. Deuxième étape ? Faire l’inventaire de la concurrence en analysant l’offre de service, les tarifs proposés, la fréquentation, le positionnement… « Il faut se différencier afin de définir une offre en fonction de la concurrence et de la demande, souligne Laurent Melin. Mais pas à tout prix : si vous décidez de vous implanter sur une commune rurale, cela ne sert à rien de se lancer dans du très haut de gamme. Mieux vaudra se distinguer sur l’offre de service. » Autre point primordial à scruter ? La zone de chalandise : « Cette dernière sera plus ou moins dense en fonction du lieu d’implantation. À Paris, elle peut s’étendre à un kilomètre autour du salon. À la campagne, au contraire, la voiture pourra faciliter son étendue », explique Jérémy Renchy. Tout coiffeur qui souhaite se lancer doit également faire une enquête de terrain. Jouer à l’anthropologue et étudier les passants, à des heures différentes de la journée. « Il faut aller chercher au-delà de notre secteur », insiste Laurent Melin. Lire la presse locale, étudier les axes routiers, les stationnements, les transports en commun, les immeubles de bureaux, l’offre des autres commerces à proximité et leur clientèle…
Apprendre à être raisonnable
Une fois cette enquête réalisée, « il est recommandé de confronter votre analyse avec un expert, précise Jérémy Renchy. Il saura vous conforter ou non dans votre choix de localisation et de positionnement de service. » Pour les
coiffeurs déjà installés, l’étude de marché n’est pas non plus un luxe. « L’emplacement numéro un d’hier n’est peut être plus à la mode aujourd’hui, expose Laurent Melin. Il est indispensable de suivre l’évolution du marché, des modes
de consommation, de garder un œil sur la concurrence afin d’adapter son projet. » Et en cas de mauvais résultats ? « Elle doit apprendre au coiffeur à renoncer, à être raisonnable, assure Jérémy Renchy. Dans tous les cas, une bonne étude de marché permet d’éviter les mauvaises surprises. »
Les aides
• Les statistiques démographiques de l’Insee permettent d’analyser la population.
• L’Unec assure des demandes ponctuelles d’études sur devis.
• Le Credoc, pour suivre l’évolution des modes de consommation.
• Les Chambres de commerce et d’industrie et celles des Métiers qui connaissent bien les bassins d’emploi.
• Des sociétés spécialisées peuvent vous aider à réaliser votre étude de marché. Les prix varient de 500 à 5 000 euros « selon la complexité de l’environnement » d’après Jérémy Renchy.
• Pour les aides financières : « Il existe des prêts à la création d’entreprise. Le coût de l’étude de marché et du business plan peut être financé par ces emprunts », assure Jérémy Renchy.
Anne-Claire Genthalion