Se faire coiffer est un plaisir, surtout si le lieu semble sans défaut. Tout client a dans la tête son salon de coiffure idéal, de l’efficacité au service parfait. Sans pour autant flirter avec l’utopie, chaque coiffeur rêve du mieux pour y répondre, de la qualité de l’espace au souci écologique. Quelques clés pour le meilleur des mondes.
Ce n’est pas de la science-fiction. Ce salon existe. Pour une cliente, c’est le salon idéal car on sait prendre soin d’elle, parce qu’elle reçoit un conseil avisé, franc, et auquel elle peut se fier les yeux fermés. C’est aussi un salon idéal, car elle peut y faire une manucure, ou un hammam, retrouver ses amies pour papoter.
C’est le salon idéal du coiffeur parce qu’il respecte l’environnement et dont il sait les produits sans risques. C’est le salon idéal du responsable de marques parce qu’il est rentable, notamment sur le poste revente produits.
Alors, un peu d’imagination… Ressortons de nos tiroirs les bonnes idées que l’on n’a pas concrétisées, faute de temps, de trésorerie, de motivation parfois. Pour ce nouveau numéro, Biblond s’est penché sur votre définition du salon qui serait à la fois, celui dont on rêve tout en étant réaliste.
Chacun de vous aurait pu y mettre sa touche. Sans aucun doute ! Et cela aurait été fantastique ! Imagination et inventivité… Mais nous avons dû nous discipliner pour éviter de nous disperser dans des délires irréalisables, dignes du concours Lépine 2098 !
Quoique… « les limites sont faites pour être dépassées », lance Pascal Coste qui a fait et tenu le pari de développer des linéaires de produits dans ses salons. Résultat, certaines de ses vendeuses font ainsi près de 5 000 euros de chiffre d’affaires en revente produits, les salons les plus rentables sont à 22 %, les moins rentables à 12 %. De quoi faire pâlir bien des coiffeurs !
« Il faut arrêter de calculer le CA des salons en additionnant coiffure et merchandising, développe le coiffeur, j’ai toujours considéré que la revente était le 13e mois de mes salariés. Il faut adapter notre métier à ces nouveaux schémas et mener les deux de front, vente et coupe. C’est vital. »
Une approche imbriquant technique et business, qui convainc aussi Pierre Martin. Ce dernier ramène les rêveurs sur la terre ferme. Oui, les volets management et marketing doivent figurer en lettres d’or dans le cahier des chartes. Il faut « élaborer un projet d’entreprise, appréhender son marché », recommande-t-il.
Car pour le président de la Fédération nationale de la coiffure (FNC), le salon parfait ne se conçoit pas dans l’absolu, mais en intégrant l’environnement dans lequel il est implanté, pour s’adapter au type de clients. Lesquels « ne pousseront pas naturellement la porte du salon », mais seront à la recherche d’un lieu qui leur ressemble, leur corresponde. Ce qui ne signifie pas un manque de personnalité. Il s’agit de se démarquer, de se diversifier… « Avec la sortie de crise, il va y avoir à nouveau des concepts, des initiatives intéressantes », mise Pierre Martin.
Stéphane Amaru veut d’ailleurs en faire la démonstration, en surprenant son monde avec un projet de salon qui renverse les repères du client. Notre coiffeur appelle à « éviter de tomber dans la routine. Le client n’attend que cela, être surpris », à condition d’accompagner sa démarche par une dose de « pédagogie ».
Le salon idéal est également celui qui respecte son environnement, la nature bien sûr, mais également les salariés. Une charte développement durable (DD) a vu le jour il y a un peu plus d’un an. Elle cadre parfaitement à l’idéal recherché par le Grenelle de l’environnement par exemple. De plus en plus de coiffeurs et de fédérations locales l’ont maintenant signée. Mais avant elle, des coiffeurs avaient déjà fait un pas vers le DD.
« Cela fait trois ans maintenant que les démarches ont été engagées, explique Floriane Zanetti, chef de la marque Saint Algue, nous avons fait appel à des architectes et à un cabinet de design pour que le style reste élégant et surtout plus pratique pour les collaborateurs. » Trois ans plus tard, le concept est abouti, on flirte avec l’idéal écolo chez Saint Algue. Reste encore à le développer dans tous les salons existants, l’idéal est prévu à la fin de 2011. « Le concept est performant », conclut la responsable de l’enseigne, il a même encouragé la marque à se lancer dans le développement d’une gamme de produits bio.
Mais toutes ces idées, au fond, sont-elles réalisables ? Et où a-t-on caché la baguette magique ? Certes, pas question d’improviser des chantiers démesurés, mais à condition d’échelonner les projets et de s’interroger en amont sur l’articulation entre coût et rentabilité, l’aventure se tente. Comme le suggère Stéphane Amaru, le coiffeur entrepreneur est un mélange « de courage et d’inconscience : super innovant, il ne doit pas oublier de prendre du plaisir au passage ! »
Enfin, le salon idéal est aussi un salon duquel la cliente ressort avec le sourire. Parce qu’il est écologiquement éthique, parce qu’elle a trouvé les produits dont elle avait besoin pour entretenir sa coupe, qu’elle n’a pas dépensé plus que prévu, ou qu’elle a passé un moment de détente particulier… Un salon idéal est finalement celui dans lequel chacun a envie de revenir