Deux reproches majeurs sont faits aujourd’hui au CAP coiffure : le niveau et la motivation de certains élèves et apprentis, la qualité de son contenu.
Votre magazine Biblond est mobilisé par ce grand chantier sur la formation du secteur de la coiffure dont le lancement s’est tenu le 1er décembre dernier, et « est là pour vous aider à participer à ce débat ».
Les avis au sein de la profession sont partagés entre ceux qui souhaitent le maintien du CAP coiffure, mais en modifiant son contenu, et ceux qui souhaitent le voir disparaître purement et simplement.
L’orientation des CAP coiffure sous statut scolaire ou l’une des raisons du manque de motivations
Le choix pour le CAP s’opère en fin de 3e. Or, aujourd’hui, tous (les parents, les pouvoirs publics, la société) font pression pour que les élèves obtiennent à minima un baccalauréat. En effet, les objectifs des politiques publiques sont que 80% d’une classe d’âge doit obtenir le baccalauréat.
Lors des assises qui se sont déroulées le 1er décembre, les experts présents ont posé le même constat : « la mise en place des baccalauréats professionnels des autres branches a siphonné les effectifs des CAP coiffure ».[1] En clair, le choix posé est : « Est-ce que je préfère que mon enfant exerce le métier de coiffeur avec un CAP ou qu’il exerce un autre métier avec un bac professionnel ? »
Par ailleurs, le constat posé par Mme DELOZANNE, inspectrice de l’Éducation nationale en charge de ce dossier, est le suivant : « les jeunes qui s’engagent dans les filières professionnelles dès la fin de la 3e ne sont plus les mêmes qu’il y a dix ou quinze ans et n’ont plus le même niveau de compétences attendues par les entreprises de coiffure ». Ce phénomène qui est vrai pour la coiffure l’est aussi pour d’autres secteurs. Pour un grand nombre d’entre eux, l’orientation est faite par défaut ou subie.
Les effectifs en CAP sont en augmentation de 15% consécutivement à l’orientation systématique des élèves jugés les plus fragiles pour intégrer un bac pro[2]. Par ailleurs, le constat posé par le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche lors du grand chantier de réflexion sur les filières professionnelles est que de nombreux élèves en fin de troisième sont orientés vers des formations non choisies, ce qui conduit à un manque de motivation. Ce constat peut être rapproché des chiffres donnés par Mme Céline DUMOULIN, sociologue, lors des assises : après 7 mois d’obtention de leur CAP coiffure, seuls 39% des jeunes exercent la profession de coiffeur.
La qualité du CAP coiffure, l’Etat en cause mais pas seulement
En ce qui concerne le niveau reproché par les responsables de salon, chaque élève de CAP coiffure motivé ou pas, bon ou pas, l’obtient forcément. Il faut ici rappeler que, si les pouvoirs publics ont pour volonté de conduire 80% d’une classe d’âge au Bac, l’objectif affiché est de conduire 100% des jeunes engagés en CAP à l’obtention de leur diplôme.
Par ailleurs, Mme DELOZANNE a rappelé que le rythme de révision du contenu des programmes des formations en coiffure est actuellement de quinze ans. Ce rythme explique le décalage constaté par les professionnels aujourd’hui entre la réalité du métier et les programmes enseignés.
Cependant, rien n’est figé dans le marbre. Mme DELOZANNE a rappelé que si les représentants des professionnels de la coiffure le réclament, ce rythme de révision du contenu des programmes pourra être réduit à deux ou trois ans selon les besoins de la filière.
Au-delà de la qualité des contenus, la question qui se pose est l’attractivité de la filière. Qui souhaitez-vous avoir comme collègue ou collaborateur ? Quel est le profil de la personne que vous souhaitez recruter ?
Faut-il conserver le CAP coiffure ? Faut-il modifier son contenu ?
Donnez, dès aujourd’hui, votre avis et vos attentes sur l’espace collaboratif créé par l’UNEC « La formation des coiffeurs, parlons-en »
[1] M. FARRUGIA directeur de la Formation et de l’Emploi à l’APCMA
[2] « Refondons l’école de la république » LA VALORISATION DE L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL