C’est sous l’objectif de Nassima Boutadjine que Souhad Abdellali a pris la pose pour sa collection. Le fil conducteur de ce projet co-créé avec le coiffeur studio, Christophe Pujol ? Une injonction aux femmes.
« On a voulu les inviter à oser ! « Révélez l’insolente qui sommeille en vous ! » a-t-on eu envie de leur dire » explique la patronne du Salon Jarny, alors mannequin d’un jour. « Cette collection est une invitation au lâcher prise, à se découvrir telle que l’on est. A faire tomber aussi les diktats et les tabous. Pour cela, nous avons imaginé des femmes représentatives de différentes époques, années 20,60,70… à travers moi-même. Je me suis mise en scène. Nassima a pris les photos et Christophe m’a coiffée. Cette femme dans la Médina dans les années 20, par exemple, est le symbole de la féminité et de la rébellion à cette période-là. On a traversé les époques avec des femmes inspirantes. J’ai voulu dire aux femmes et à tous que l’on peut se révéler, qui que l’on soit ! » confie celle qui affiche une expérience de 20 ans dans la coiffure. « Ce shooting, je le partage par touche sur mes réseaux sociaux. En toute humilité bien sûr ! Mon souhait de donner à d’autres l’envie de se révéler, d’oser entreprendre. »
Son parcours ? Souhad Abdellali se qualifie d’atypique. « J’étais destinée à faire de longues études. Mais j’étais rebelle. J’ai fait les 400 coups et vers 18 ans j’ai dit à mes parents : j’arrête l’école ! J’ai préparé mon bac Littéraire par correspondance avec le CNED pour finalement ne pas me présenter à toutes les épreuves. Quand mon père m’a dit poussé à prendre ma vie en main, je me suis lancée dans un CAP coiffure en un an à Metz » se souvient elle.
« La coiffure traditionnelle ne m’intéressait pas plus que ça. Mais d’un coup en découvrant la Haute Coiffure Française, j’ai découvert un monde ! Je voulais devenir comme ces grands coiffeurs » confie-t-elle. Après plusieurs expériences dans différents salons, BP en poche, elle décide finalement de s’installer à son compte. « Monter un dossier bancaire n’était pas évident, je n’avais rien mais j’y suis parvenue ! J’ai ouvert le salon Jarny, il y a 13 ans, dans une petite ville de 8000 habitants pas loin de Metz. Mais à 25 euros la coupe, cela nécessitait de faire du volume. Je ne m’y retrouvais pas. J’ai ouvert une boutique de prêt-à-porter juste en face. Finalement je n’avais plus envie de courir. Je me suis recentrée. »
Une sorte de retour aux sources qui l’a poussée à ouvrir le 28 mai 2022 son salon-appartement. « Le Covid, les confinements m’ont permis de me recentrer sur mes envies. Je voulais trouver un outil de travail qui me ressemble, fidèle aux valeurs que mes parents m’ont transmises. J’ai trouvé une maison à rénover. Dans mon salon-appartement où mes deux collaboratrices sont ravies de venir travailler, tout a été chiné. Chaque objet raconte une histoire de ma double culture. Il ne faut pas oublier d’où l’on vient. J’ai aussi voulu mettre l’accent sur l’expérience client, créer un cocon, avec une invitation au voyage, au Maghreb.»
En pénétrant à l’intérieur on entre dans une atmosphère avec une dominance de bleu Majorelle. Le devise en entrant ? « Sonnez, entrez et souriez ! » Puis j’ai créé des petites zones de consultation. Pour aller plus loin dans le bien-être, on peut fermer les volets et mettre une lumière tamisée pour offrir une expérience hors du temps, une parenthèse » explique la coiffeuse de 42 ans, reconnaissante envers Stéphane Amaru. « Ce nouveau salon, je le lui dois. Je l’avais contacté pour une formation individuelle. Je ne pensait pas qu’il viendrait. Quand il est arrivé, ça a été un électrochoc. Il m’a décomplexée ! Il a été un accélérateur, un déclencheur. Il m’a boostée. Cela m’a permis de sortir de ma zone de confort et de rencontrer des gens qui m’inspirent » précise-t-elle.
Ce fut le cas avec Christophe Pujol. « J’aimais son univers très tranché. Je l’ai approché grâce à la marque Eugène Perma, avec laquelle je travaille. On a convenu qu’on organiserait le shooting quand j’aurais trouvé le lieu. »
Aujourd’hui, Souhad peut se réjouir. « Certaines clientes m’ont suivie. D’autres, nouvelles, viennent parfois de loin. Elles sont prêtes à se déplacer pour profiter du côté intimiste et exclusif. Nous avons fait le pari d’ouvrir 35h, sur 5 jours en fermant plus tôt le samedi et le mercredi après-midi. Pour mes collaboratrices, c’est un plus. Le contexte est agréable et les horaires adaptés à nos vies familiales et privées. Les clientes s’adaptent en prenant une journée ou en posant un RTT » explique celle qui aime sublimer le naturel avec des balayages et des soins. « Je ne suis pas dans la transformation. J’ai des clientes qui ne viennent qu’une à deux fois par an. »
« J’ai préféré monter en compétence dans ce que j’aime faire. Je laisse aussi à mes collaborateurs cette opportunité. A vouloir plaire à tout le monde, on ne plait à personne ! » conclut celle qui s’imagine, par la suite, faire de l’accompagnement auprès d’autres coiffeurs sur des thématiques comme le business ou les RH.
« Balayer un projet à 360 °, trouver les financements, décrypter le jargon bancaire, puis enfiler tour à tour différentes casquettes. La vie d’entrepreneur de la coiffure n’est pas de tout repos ! »
Crédits : Photos : Nassima Boutadjine Coiffeur : Christophe Pujol