Dans la famille Pillon, c’est bien simple, tout le monde est coiffeur depuis cinq générations. Aujourd’hui, Patrick, le père, et Benoît, le fils, retracent l’histoire d’une grande lignée de coiffeurs passionnés. Article de Julie de Los Rios.
« Mon fils, Benoît, est coiffeur. Je suis coiffeur et sa mère aussi, j’ai travaillé avec elle pendant vingt-cinq ans. Mon père, Jean, et ma mère, Liliane, avaient chacun leur salon, côte à côte. La sœur de mon père était dans le métier aussi. Mon grand-père, Alexandre, et ma grand-mère étaient coiffeurs. Mon arrière-grand-père était coiffeur-commerçant. Il revendait son commerce tous les cinq ans. Son père était perruquier, lui-même fils de filatier, né en 1840 en Normandie… »
Patrick Pillon s’amuse à remonter le temps. Vous l’aurez compris : chez les Pillon, la passion de la coiffure s’est transmise de génération en génération. Mais pas, comme souvent, autour d’un salon familial ! « Chacun a évolué dans sa propre enseigne. Mon père n’a pas repris le salon de ses parents, par exemple. J’ai ouvert un salon en région parisienne en 1995 puis, il y a une dizaine d’années, dans le Tarn et Garonne. Benoît vient d’inaugurer son propre lieu, dédié à l’homme, près de Montauban », poursuit Patrick. Mais d’ailleurs, pour le fils, la coiffure était-elle une évidence ? « C’est venu plus tard. J’ai passé un bac STI puis j’étais en classe préparatoire pour être ingénieur. Enfin, je me suis rendu compte que je voulais être coiffeur. Alors, je me suis lancé dans le CAP-BP. En parallèle au salon, je suis formateur à l’ECE de Toulouse en coupe et barbe », poursuit Benoît. Comme lui, son père Patrick a fait ses débuts avec ses parents. « J’ai commencé avec mon père sur la coiffure masculine puis avec ma mère en salon mixte. C’était avant le service militaire… J’ai ensuite bougé partout en France ! »
L’ENTREPRENEURIAT DANS LES
GÈNES
Travailler en famille, tous deux n’en tirent que des bénéfices ! Une facilité de compréhension, une bonne entente et un partage de passion pour le fils Benoît, un respect et une admiration du travail de l’autre pour le père Patrick. Dans la famille, pas question pour autant de se reposer sur ses acquis. « On se remet sans cesse en question et on part
régulièrement en stage », explique l’aîné de 56 ans. « Et côtoyer mon fils me permet de rajeunir ma technique. On évolue ensemble. » Ce besoin de toujours faire mieux, le jeune Benoît le tient de ces aïeux, comme le rappelle son père. « Ma mère nous envoyait tout le temps en stage pour nous perfectionner et mon père était professeur à l’école de coiffure Saint-Louis à Paris. Cette remise en question permanente, c’est génétique », s’emballe Patrick. Mais pas seulement ! Chez les Pillon, on est aussi entrepreneurs. « Ma grand-mère était fière de dire qu’ils étaient patrons-coiffeurs. Benoît est dans cette lignée puis qu’il est à son tour patron. » La clé de leur réussite ? L’écoute, le respect, accepter les différences de l’autre et surtout la curiosité. « Il ne faut pas rester enfermé en famille. Il faut regarder ce qui se fait ailleurs », note le jeune patron tandis que son père précise : « Dans la famille, on ne cherche pas une culture commune, on ne promeut pas un lieu commun. On a simplement une passion commune. » Mais existe-t-il malgré tout une touche Pillon ? Le fils acquiesce. « Un jour, mon père m’avait coupé les cheveux. Quand je suis arrivé chez mes anciens patrons, ils m’ont dit “Tiens, tu as une coupe Pillon !” » Patrick n’en a pas vraiment conscience. « Je ne pensais pas qu’on avait réussi à avoir une patte Pillon. Mais j’en suis très fier. »