Pierre Barré est le fondateur d’Hygiène Plus, cabinet de conseil spécialisé dans les métiers de la beauté, dans le management des risques professionnels et dans la qualité du service pour les consommateurs. Consultant et Intervenant en prévention des risques professionnels, il est particulièrement attentif à la l’évolution du Covid-19.
Comment les artisans et commerçants en général, et les coiffeurs en particulier, peuvent-ils faire face à la situation qui prévaut aujourd’hui en France, face à la menace croissante de la maladie ?
Après différents mouvements sociaux ayant fortement impacté l’activité des commerçants, et particulièrement des coiffeurs, c’est aujourd’hui une crise sanitaire d’ampleur mondiale qui s’invite, avec la seule différence que le Covid-19 est invisible. La gestion de cette crise doit se faire avec bon sens, en limitant au maximum les situations où l’on peut être exposé tout en rassurant les clients et les collaborateurs.
Dans un métier de promiscuité et face à la psychose, la responsabilité de chacun doit être une priorité, tout d’abord en restant à l’écoute de l’évolution de l’épidémie sa propre région. Le fil conducteur étant de se protéger et de protéger les autres tout en continuant à vivre le plus normalement possible. Il revient au chef d’entreprise de mener la prévention dans son salon : se renseigner des mesures à prendre, organiser une réunion avec son équipe, mettre en place des procédures avec une communication adaptée en interne pour les collaborateurs et en externe pour les clients. Malheureusement, en pratique, l’hygiène de base avec la désinfection systématique est très aléatoire en salon alors que la mise en œuvre d’une hygiène de qualité a toujours été un levier de développement, quel que soit le secteur d’activité.
Selon vous, quel impact cette épidémie de Covid-19 aura-t-elle sur la bonne marche de l’économie ?
Cette crise sanitaire a un effet boule de neige sur toute l’économie, coiffure y compris, selon un schéma simple : moins de clients, moins de chiffre d’affaire, moins d’achats chez les fournisseurs… Tout en restant optimiste, je dois souligner qu’il y aura nécessairement des dégâts pour les salons déjà fragilisés par les précédents mouvements.
Pensez-vous que l’on doive imposer certaines actions aux personnes qui travaillent dans les salons de coiffure en France ?
Pour mettre en place certaines actions efficaces, il faut déjà prendre en considération les modes et moyens de transmission du Covid-19, virus aéroporté et manu-porté. Contrairement à certaines activités professionnelles, la distance d’un mètre entre deux personnes est difficile à concevoir dans un salon de coiffure. Dans ce cas, les salutations en face à face avec bises, serrages de mains et accolades sont proscrites. Ensuite, l’hygiène doit rester une priorité avec un lavage des mains le plus fréquent possible, voire systématique pour les collaborateurs, et la mise à disposition de gel hydroalcoolique à l’accueil avec un affichage : « Servez-vous ». En ce sens, vous avez le droit et le devoir d’inviter les clients à se laver ou se désinfecter les mains à leur arrivée.
La question délicate des masques, pour qui ? Dans la situation actuelle, il me semble logique que ce soit à la personne à risque, selon les symptômes connus, de porter un masque pour limiter la propagation. Certains commerces mettent des masques à disposition à l’accueil avec pour information : « Vous avez un doute, mettez un masque ». De façon complémentaire, il est possible de mettre une affiche sur la porte du salon : « Nous mettons tout en œuvre pour votre confort et votre sécurité, merci d’utiliser les moyens mis à votre disposition. »
Parallèlement, si un membre de l’équipe présente des symptômes, il revient à la responsabilité de chacun de prendre les mesures de précaution adaptées : consulter immédiatement un médecin et arrêter la fréquentation du salon. Pour une meilleure cohérence, la mise en place de ces procédures doit être naturellement complétée par la désinfection systématique du matériel devant les clients afin de renforcer la relation de confiance et de valoriser le professionnalisme de chacun.
Assumer l’hygiène, c’est être responsable !