« J’ai décoiffé l’Espagne pour libérer les femmes » : mort de M. Llongeras, coiffeur de génie
« Un immense artiste nous a quittés aujourd’hui, un grand maître de la coiffure mondiale, M. LLONGUERAS, un incroyable influenceur pour notre métier » écrit Christophe Gaillet, sur son compte Facebook. Coiffeur espagnol, Lluis Llongueras Batlle s’est éteint à l’âge de 87 ans, ce lundi de Pentecôte, le 29 mai, à Barcelone. Il laisse derrière lui un grand vide et déjà les hommages tombent, en cascade, sur les réseaux sociaux. Titus Devos salue « un des 5 coiffeurs les plus reconnus au monde » tandis que Sébastien Viscogliosi, fondateur de la marque Divisco, lui adresse un « adios maestro » avant de rappeler qu’il était « un véritable artiste, qui nous a tant inspirés, coiffeur, mais aussi peintre et écrivain, il a influencé les années 80 et 90 et su s’imposer au niveau international, faisant de l’Espagne un autre grand pays de la coiffure ». Il est qualifié de « grand maître » et de « créateur qui a élevé le salon de coiffure au statut d’art » par le magazine Collection Estilisimo.
Dans un communiqué, le groupe Provalliance, qui détient la marque Llongueras depuis 2018, fait ses adieux à « une des figures emblématiques de la coiffure », « un artiste qui a révolutionné le secteur et dont la vie est pleine d’anecdotes et de découvertes. » Bref, le monde de la coiffure est secoué par un immense chagrin. Et pour cause ! Né en 1936, M. Llongueras fait figure d’exemple pour plusieurs générations de coiffeurs. Il fait preuve d’une créativité sans limite dès ses débuts à 13 ans. Il ouvre un premier établissement à Barcelone en 1958… Le premier d’une longue série puisqu’il est à l’origine d’une marque de diffusion mondiale, Llonguera, qui se développera autour de salons et de franchises – 50 en Espagne et 120 dans le monde. Bien plus qu’un coiffeur, non content d’être un homme d’affaires avisé, Llongueras est aussi un passionné d’art et un artiste pluridisciplinaire, se démarquant dans différents domaines : sculpture, peinture, écriture, poésie, photographie, musique…
Cette ouverture d’esprit le pousse à élever la coiffure au rang d’art, influencée par différents univers, la musique, la peinture ou l’orfèvrerie. Parmi ses chefs-d’œuvre, sa collaboration avec Salvador Dali a marqué les esprits. Pour le maîtr du surréalisme, il réalise une perruque géante, qui sert de rideau à La chambre de Mae West, au Théâtre-Musée Dali à Figueres. Cette œuvre entre aussi, en 1992, dans le livre des records comme la plus grande perruque du monde.
Il se définit comme un « fou », ceux qui l’ont côtoyé soulignent son audace, sa liberté, sa curiosité, sa générosité et son humanité. Passionné, il déniche de nouvelles techniques et une esthétique toujours avant-gardiste qu’il partage avec ses pairs. En effet, le Maestro a toujours mis l’accent sur la formation, créant une école, transmettant son savoir-faire et la méthode Llongueras (qui fera l’objet d’un cours et d’un livre) tout au long de sa carrière. Il fut aussi le premier à breveter le diffuseur ou le peigne pour cheveux frisés.
Llius Longueras s’était aussi donné une mission : mettre son talent au service des femmes. Il est d’ailleurs considéré comme l’un des acteurs de la libération des femmes espagnoles dans les années 60. « J’ai décoiffé l’Espagne pour libérer les femmes » confiera-t-il dans les médias. Précurseur, il lutte et défend l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes dans ses salons, avant même les mouvements féministes des années 60. Autre valeur dont il se faisait le fervent défenseur ? La beauté individuelle. Pour lui, chaque femme est unique. Il crée alors une coupe ou un style pour chacune d’entre elles. Dans sa philosophie révolutionnaire, c’est le coiffeur qui s’adapte à la femme et non l’inverse. Aujourd’hui, nous nous joignons aux équipes Provalliance pour présenter à sa famille et à ses proches toutes nos sincères condoléances.