La colère gronde sur les réseaux sociaux. Suite aux difficultés de recrutement que connaît la profession, les langues se délient et les passions se déchainent. Les raisons de cette rage ? Le salaire des coiffeurs jugé bien trop bas.
Pour éclaircir le sujet, Biblond a organisé un sondage auprès de ses lecteurs et le résultat est sans appel : 90 % des répondants estiment ne pas être assez payés. Ce manque de reconnaissance financière entacherait leur motivation et leur ferait perdre la passion.
Franck Provost pour le CNEC
Interrogé par Biblond à ce sujet, Franck Provost, président du CNEC, met des nuances. « Certes, il faut toujours essayer de faire mieux. Chez Provalliance (Franck Provost, Jean Louis David, Fabio Salsa, Saint Algues, Coiff&Co, Maniatis…), un coiffeur est payé en moyenne entre 1600 et 2000 euros, un manager entre 2600 et 3000 euros. De manière générale, la moyenne des salaires n’est pas inférieure à beaucoup d’autres emplois. Bien souvent il y a un intéressement au CA » souligne-t-il, même s’il est d’accord qu’une hausse de salaire serait la bienvenue. Interrogé par Biblond à ce sujet, Franck Provost, président du CNEC, met des nuances. « Certes, il faut toujours essayer de faire mieux. Chez Provalliance (Franck Provost, Jean Louis David, Fabio Salsa, Saint Algues, Coiff&Co, Maniatis…), un coiffeur est payé en moyenne entre 1600 et 2000 euros, un manager entre 2600 et 3000 euros. De manière générale, la moyenne des salaires n’est pas inférieure à beaucoup d’autres emplois. Bien souvent il y a un intéressement au CA » souligne-t-il, même s’il est d’accord qu’une hausse de salaire serait la bienvenue.
« Pour cela, il faudrait augmenter les tarifs, mais avec le pouvoir d’achat en baisse, je ne suis pas certain que les clients pourraient continuer à venir. Une baisse de la TVA ? Elle ne sera jamais votée ! Une baisse des charges ? Je milite pour ça. Le coiffeur voit son salaire en net sur sa fiche de paie. Il oublie de regarder le brut duquel sont déduits les charges salariales, les charges patronales, les impôts. J’essaie de faire passer le message au gouvernement. Et de l’encourager à appliquer la réforme sur les pourboires dans la restauration à la coiffure (comme la défiscalisation des pourboires payés en CB. NDLR.) » poursuit le Président du CNEC.
Christophe Doré pour le l’UNEC
Du côté de l’UNEC, Christophe Doré est à peu près sur la même longueur d’onde. « L’UNEC ne négocie que des minimas conventionnels. La gestion managériale est dépendante de chaque chef d’entreprise. C’est à eux de voir comment ils peuvent valoriser le travail. Toutefois, aujourd’hui, pour s’en sortir, je ne vois qu’une solution : augmenter les tarifs » explique-t-il. « Et donc impacter le pouvoir d’achat des consommateurs. Mais pourquoi présumer que la cliente ne mettrait pas plus cher pour une jolie coupe ? ».
Toutefois, pour le président de l’UNEC, l’effort doit venir du gouvernement. « Il a baissé les charges mais pas à la hauteur de nos attentes. La coiffure devrait, comme dans le bâtiment ou la restauration, avoir une TVA à taux réduit. Les efforts ne peuvent pas venir que des chefs d’entreprise. Ce n’est pas tenable pour eux ! »
Mais alors comment attirer les jeunes vers la coiffure ?
Tous deux, passionnés, s’accordent à dire que la coiffure est un métier formidable qu’ils ont envie de défendre. « Je reste confiant. La coiffure est l’un des plus vieux métiers du monde et elle a surmonté toutes les crises » poursuit Franck Provost, représentant de la French Touch à l’international.
Mais alors comment expliquer le manque de candidats à l’appel ?
Christophe Doré revient en arrière. « Le gouvernement précédent avait coupé les aides à la formation. Sachant qu’il faut 7 ou 8 ans pour former un bon coiffeur, on paie aujourd’hui ce manque de formation à l’époque. Par chance, le gouvernement actuel a remis l’accent sur l’apprentissage et la formation professionnelle. Il va falloir être patient ! » La patience, c’est aussi auprès des apprenants qu’on la demande. Fabrice Antz, propriétaire de 7 salons autour de Strasbourg et fondateur de l’Atelier (qui accompagne 150 salons indépendants en France dans le développement de leur entreprise), déplore un cursus de formation long (CAP + BP + 3 ans de BM ou expérience en salon). « Cela fait de nous de bons artisans mais à aucun moment de bons leaders d’entreprise » rajoute-t-il.
Franck Provost, quant à lui, serait prêt à intervenir dans les collèges pour informer les jeunes des opportunités qu’offre la coiffure. « Notre métier a trop été dévalorisé. Il est important de communiquer sur les multiples possibilités qu’il offre. Faire de l’artistique, de la mode, du cinéma, voyager, transmettre… Mais aussi devenir son propre patron. Il y a de beaux exemples de réussite. La coiffure est certes un métier difficile mais c’est un métier agréable », martèle-t-il, entre tristesse et colère. Pourtant, Fabrice Antz évoque une triste réalité. « Historiquement, nous sommes une profession dont la rentabilité, et par défaut les rémunérations, sont faibles. »
Les jeunes qui arrêtent ou ceux qui changent de métier ?
Franck Provost les met sur le compte de la crise sanitaire. « Pendant les confinements, les gens n’ont pas travaillé. Ils étaient payés, ils avaient du temps et une certaine liberté. J’ai vu des coiffeurs tout plaquer pour changer de vie, d’autres, citadins, quitter la ville pour la campagne ! » Le Covid va-t-il totalement changer la donne ? Pour Fabrice Antz, cela ne fait aucun doute. « Nous avons orienté les salons à revisiter leur amplitude horaire pour la diminuer afin de limiter l’inoccupation. Il nous faut aller plus loin. Dans nos entreprises le chiffre d’affaires n’est pas lisse. Nous pouvons donc très bien arranger les horaires de nos collaborateurs pour les libérer des samedis ou ne les faire travailler que sur 3 jours dans les périodes calmes et optimiser les périodes de fortes affluences. » Une nouvelle piste de réflexion ?
La bonne blague…
La bonne blague…