Sèche-cheveux, machines à laver, sèche-linge pour certains, chauffage… Les salons de coiffure sont des commerces particulièrement énergivores, dépendants de l’électricité. A l’heure où le prix de l’énergie flambe, l’angoisse monte auprès des entrepreneurs de la coiffure. Quel impact sur la facture ?
Dans les médias, des commerçants, qui subissent déjà l’inflation, affirment avoir vu parfois leur acompte s’envoler, parfois multiplié par 4 ! Face à la situation, plusieurs mesures sont mises en place pour accompagner les entreprises. Pour vous, Biblond fait le point sur les différentes actions menées.
Commençons par le nouveau dispositif annoncé par le gouvernement. Sous le nom de « garantie électricité », Bruno Lemaire, en interview sur CNEWS le 25 octobre, promet un allégement de la facture. Mais attention : le ministre de l’Economie a tenu a précisé que l’Etat prendrait en charge à partir d’un certain prix – par exemple 325 euros le mégawattheure – et jusqu’à un certain plafond. En effet, le coût de cette aide est estimé à 10 milliards d’euros.
Pour Bruno Lemaire, il faut trouver un équilibre entre protection des entreprises et protection des finances publiques, qui ne doivent pas « être exposées à la variation et à la volatilité des prix du marché, ce serait trop dangereux. » Selon le gouvernement, la protection de l’industrie ne doit pas se faire au détriment des finances publiques. Mais concrètement ? Le plafonnement induit par la « garantie électricité » s’appliquera sur 50 % de la facture. En effet, une moitié de la facture est déjà protégée par les tarifs règlementés de l’électricité dans le cadre du dispositif Arenh (Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique).
La « garantie électricité » est donc un renfort à un certain nombre de mesures déjà prises notamment pour les TPE. En 2022, le gouvernement avait mis en place un « bouclier tarifaire », destiné aux entreprises les plus énergivores. Prolongé jusqu’à 2023 – pour contenir de 15 % la hausse prévue sur l’électricité, pour les ménages, les petites entreprises et les petites communes – ce bouclier a permis de plafonner à 4 % TTC la hausse des tarifs réglementés de l’électricité intervenue le 1er février 2022.
Ce dispositif repose sur deux actions :
Une forte baisse de la taxe sur l’électricité, ramenée à 1 €/MWh pour les ménages, 0,5 € pour les entreprises, contre 25,83 € auparavant. Les entreprises éligibles ? Les entreprises de moins de 10 salariés ayant un chiffre d’affaires inférieur à deux millions d’euros.
Une augmentation du volume d’électricité nucléaire vendu à bas coût par EDF à ses concurrents. Les fournisseurs alternatifs devront intégralement répercuter cet avantage à leurs clients disposant d’un contrat à prix fixe, ou indexé sur les tarifs réglementés.
Malgré ces annonces, la peur se fait sentir sur les réseaux sociaux. Fondateur de la communauté Le Monde des Coiffeurs / Les Coiffeurs du Monde, Oli Glali peut en témoigner. « Dès qu’on met un post sur le sujet de l’énergie, les commentaires fusent en cascade, jusqu’à 14 000 interactions ! Il y a une vraie crainte de la part des coiffeurs. Nous n’aimons pas quand les gens sont tristes ou inquiets alors nous avons décidé d’agir. » Epaulé par son bras droit, Raphaël de Bernardis, il a décidé de prendre les choses en main.
Première étape ? Répertorier les différents fournisseurs d’énergie des membres de la communauté. Résultats ? La grande majorité est chez EDF puis il y a Engie, Liminus en Belgique, Total Energie ou Enercoop. Le duo a ensuite contacté chaque fournisseur pour voir ce qu’il est possible d’envisager pour faire baisser la facture des coiffeurs du groupe. « Nous avons agi par tous les moyens possibles. A part Engie, qui nous a claqué la porte au nez directement, la plupart sont ouverts au dialogue » souligne Raphaël de Bernardis.
Dans un élan de solidarité et de bienveillance, Le Monde des Coiffeurs / Les Coiffeurs du Monde qui compte plus de 30 000 membres entend faire bouger les choses.
Comment ? Par l’union ! « Nous sommes en pourparlers avec EDF notamment. Notre communauté étant importante, elle a du poids dans les discussions. Nous prospectons afin de voir ce qu’il est possible d’obtenir comme un contrat groupé, par exemple. La difficulté aujourd’hui, c’est la multiplicité des contrats et des durées d’engagement » souligne Raphaël de Bernardis. « L’électricité fonctionne comme une bourse avec des spéculations notamment quand il y a pénurie ou rareté. Selon les fournisseurs que nous avons rencontrés, les plafonnements annoncés par l’Etat seraient impossible à mettre en place. Toutefois, s’ils prennent le temps de nous recevoir, c’est qu’il y a de l’espoir et qu’il est possible d’envisager quelque chose ensemble. »
Prochaine étape ? La communauté va créer un formulaire afin de récolter différentes informations sur les contrats de ses membres. « Une fois cela répertorié, nous pourrons aller voir les différents fournisseurs pour leur montrer qu’on peut leur apporter un volume de clients importants. » Et si cela n’aboutissait pas ? « Nous avons un plan B. Nous ferons un appel d’offre. Cela a plus de chance d’aboutir mais cela prendre plus de temps. Or, il y a urgence » précise Raphaël de Bernardis. Une fois de plus, Oli Glali reste fidèle à la ligne de conduite qu’il s’est fixée quand il a lancé le groupe d’entraide et de partage Le Monde des Coiffeurs / Les coiffeurs du Monde sur Facebook : l’union fait la force. « L’idée est vraiment d’être plus fort ensemble. De se rapprocher pour s’aider les uns les autres. Le tout avec bienveillance, positivité, transparence. Mon rôle aujourd’hui est de porter la voix des coiffeurs afin d’améliorer leur quotidien. »