Après New York, Londres et Milan, la fashion week s’est tenue à Paris du 27 septembre au 5 octobre. Les défilés des collections prêt-à-porter printemps-été 2022 ont pris des allures de fêtes. Cette saison signe d’ailleurs le retour des superbes soirées « after show », après la pause imposée par le Covid. En backstage aussi, l’excitation était à son comble. Dans la construction d’un look, la coiffure est aussi essentielle qu’un sac ou une paire de chaussures. Pour parfaire une silhouette bien construite, souffler une ambiance, poser un style. Derrière le chef de cabine coiffure – Anthony Turner, Guido Paulo ou Louis Ghewy pour ne citer qu’eux -, chargé de retranscrire le message du styliste ou la tendance souhaitée, c’est une armée de coiffeurs qui s’agitent pour préparer les mannequins. Les sublimer avant leur entrée sur le podium. Parmi ces petites mains, cette année, nous avons interviewé deux novices des fashion weeks.
Adrénaline au rendez-vous
Coiffeuse pour le cinéma (Le Bal des Folles et Eiffel parmi les derniers films en date) et l’Opéra, Coline Bourdère, 27 ans, travaille avec les mêmes équipes sur les défilés depuis 2 ans tandis que Yohann Jouvanceau, patron de son salon à Lyon depuis 15 ans, s’est lancé dans cette nouvelle aventure l’an dernier. La première a participé aux défilés Lanvin et Roch. Le second était en coulisses des shows de Miu Miu, Valentino, Ludovic de Saint Sernin et AZ Factory. Ce qui leur plait dans l’exercice ? « J’aime l’adrénaline ! Nous avons un temps très limité pour réaliser une coiffure conforme à ce que souhaite le chef de cabine. Mais aussi le côté secret induit par la demande. Nous connaissons le lieu la veille pour le lendemain et nous n’avons par le droit de le révéler. Il est aussi interdit de faire des photos en backstage » explique la jeune coiffeuse. Yohann Jouvanceau fuit la routine. « Je suis encore débutant, j’assiste. Mais j’aime sortir de mon train-train du salon, j’ai besoin de découvrir de nouvelles choses, rencontrer des personnes venues d’horizons différents. J’aime partager, échanger et apprendre du parcours des autres. Et discuter avec des passionnés. J’apprends de nouvelles techniques, différentes de celles du salon, elles m’inspirent, je les adapte. »
Tendance au naturel et à la diversité
Et quelles tendances dégagent-ils de cette fashion week ? Si Yohann note un retour au naturel portable, avec des boucles souples, Coline a le sentiment que les maisons osent la diversité ! Sur le podium, des femmes plurielles, d’origines, d’âges ou de morphologies différents. « J’ai senti qu’il y avait moins de réticence à la diversité. Chacun fait ce qu’il veut, sans se soucier des diktats. » Elle a créé des volumes inspirés des 60’s pour Roch tandis que les cheveux étaient plaqués en arrière chez Lanvin. « Nous avons gélifié les baby-hairs pour habiller le front avec subtilité . » Mais comment ces deux-là, pris toute l’année par leurs activités, parviennent-ils à se rendre disponibles pour les fashion weeks ? Coline arrive à jongler, notamment parce qu’elle travaille surtout le soir à l’Opéra. Et Yohann, il aménage ses rendez-vous en salon. « J’ai fait comprendre à mes clientes que j’avais besoin d’aller chercher autre chose pour m’épanouir. Pour évoluer dans mon métier et gagner en compétence. Je vais peut-être transformer mon salon en salon privé pour pouvoir gérer plus facilement mes absences. »
Maitrise de l’anglais obligatoire
Gardent-ils un souvenir particulier de leur expérience en backstage. « Je me suis retrouvée pour la marque Erdem à Londres dans un musée splendide avec une vue imprenable sur toute la ville » se souvient Coline. Yohann, lui, a eu le privilège de coiffer Kate Moss et sa fille Lila Grace. Lors de cette fashion week, il a aussi participé au show hommage à Alber Elbaz chez AZ Factory. « C’était magique car il y avait des robes imaginées par plein de créateurs différents. Cela donnait un panel de style intéressant. C’était enrichissant de pouvoir voir, réunies en un même lieu, les visions de tant de créateurs. »
Leurs conseils pour ceux qui voudraient s’orienter vers la coiffure de défilés? Tous deux se rejoignent à dire que la maitrise de l’anglais et particulièrement des termes de la coiffure en anglais est primordiale. Ainsi qu’une présence assidue sur les réseaux sociaux et des contacts avec les bonnes personnes.
En coulisses du show Etam, les coiffeurs indépendants
Autre temps fort ? Le défilé Etam fait partie des rendez-vous attendus de la Fashion week parisienne. Cette année, le groupe Ester Lauder et notamment la marque AVEDA avait été sélectionnés pour assurer la mise en beauté, en backstage. Côté coiffure, dans les murs du palais Garnier, une partie de l’équipe artistique d’Excel Coiffure, Hairlook, Garçonne et du groupement d’indépendants, Label Coiffure ont mis tout en œuvre pour sublimer les quelques 70 mannequins du show. Tous étaient enchantés de participer à cet événement d’envergure.
Pour rappel, Michel Gomez et Jérôme Guiraud ont créé le groupe Artemis en 2015, dans le but de redonner du sens et de la valeur au métier de coiffeur. Aujourd’hui, sont réunis autour de ce projet commun pas moins de 150 salons de coiffure en France.