Choix du fournisseur, écogestes du quotidien ou grandes manoeuvres…
Et si en 2023, votre salon entamait sa transition écologique ? Biblond fait le point sur les nouvelles démarches et les actions à mettre en place.
Les maisons de produits des alliées de taille
Sur les stands du MCB by BS, en septembre dernier, le discours était homogène. Tous les acteurs du secteur prônaient une attitude écoresponsable. « Il y a enfin une prise de parole générale sur le sujet. Un basculement s’est opéré dans l’opinion publique au vu des aléas climatiques de l’été 2022 », souligne Marion Pedeutour-Gadras, responsable RSE de la division des Produits professionnels de L’Oréal
Elle rappelle que le groupe est engagé depuis plus de dix ans dans une démarche environnementale, renforcée par le programme L’Oréal pour le futur lancé en 2020. «Nous avons aussi reçu, pour la septième année consécutive, un triple A, récompense remise par une organisation indépendante, le Carbon Disclosure Project, aux entreprises qui luttent contre le changement climatique mais aussi pour la préservation des forêts et la sécurité de l’eau. »
L’Oréal respecte son engagement auprès de la Science Based Targets (SBT), initiative destinée aux entreprises qui souhaitent faire la transition vers une économie bas carbone et donc réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. « Nous travaillons sur les 3 R : réduire, recycler, remplacer. » Elle cite, entre autres, Burgos en Espagne, première usine neutre en carbone du groupe ; le site Trions en beauté ; la collaboration avec des transporteurs engagés dans une feuille de route RSE ; ou encore la mise en place d’un « écoscore » de la beauté…
Et les salons ?
L’Oréal les accompagne avec le programme Coiffeurs pour le futur. Parmi les mesures proposées, l’utilisation du plastique recyclé sur les flacons ou de l’aluminium recyclé pour le packaging de Dia Light, Inoa et bientôt Majirel, une meilleure rinçabilité des formules, la recharge pour les shampooings Série Expert au bac, la valorisation des déchets de manière solidaire avec Élise, qui travaille avec Capillum pour le recyclage des cheveux et avec Veolia pour les tubes de coloration…
Ne nous méprenons pas, l’effort est collectif. Eugène Perma Professionnel favorise les circuits courts auprès de fournisseurs implantés à plus de 82 % en France et 96 % en Europe. Les flacons d’un litre sont fabriqués en Normandie et les étiquettes en France. Enfin, 95 % des produits sont fabriqués à Reims. Précurseur dans la préservation du bien-être animal, la maison française s’est engagée depuis plus de vingt ans à améliorer sa performance énergétique et sa productivité en optimisant ses consommations d’eau, de gaz, d’électricité et en triant 100 % des déchets du site de production.
Et si, depuis 2018, elle propose déjà des formules et des emballages plus respectueux, privilégiant du papier-carton issu de forêts gérées durablement (certifié FSC ou PEFC), elle amplifie encore ses efforts, avec des objectifs à l’horizon 2025 : tendre vers 100 % d’emballages recyclables en France, supprimer le superflu, basculer vers des matériaux de substitution, réincorporer de la matière issue du recyclage ou aller vers des emballages réemployables.
Citons aussi Wella Company, qui, avec sa gamme de soin Elements, va plus loin, en proposant de nouvelles recharges recyclables pour des emballages toujours plus durables.
Même combat pour la division Beauty Care Professional du groupe Henkel et ses quatre marques – Schwarzkopf professional, Authentic Beauty Concept, Indola et STMNT. À titre d’exemple, les emballages d’Act Now ! d’Indola, fabriqués à partir de 97 % de matériaux recyclés, permettent d’économiser 9,7 tonnes de plastique par an.
Depuis 2022, le groupe livre ses salons partenaires dans Paris grâce à un véhicule biogaz 100 %, soit 70 % de CO2 en moins par livraison. Autre démarche ? La PVL est certifiée FSC, ce qui garantit une gestion durable de la ressource en bois. Enfin, Schwarzkopf Professional tend à devenir climatiquement positive d’ici à 2030.
Exemple de la beauté durable, Davines s’impose dès sa création en 1983, en menant une politique zéro impact sur la planète. Résultat ? Elle affiche une croissance à deux chiffres et clôturait l’année 2021 avec un CA de 192 millions d’euros.
Enfin, le spécialiste de la coloration 100 % végétale et 100 % naturelle, couleurs Gaia, n’utilise aucun produit chimique dans ses couleurs. « Nous sommes très engagés. Nous entrons dans un plan de réduction de l’impact carbone Éviter, Réduire, Compenser, ou ERC, explique Benoit Bodineau. Nos couleurs sont biodégradables. Pour le soin, notre gamme bio est certifiée Cosmos Organic. Notre mobilier durable et réutilisable est fabriqué à Cholet à partir de bois français. Tous nos produits sont sains ! Nous avons aussi mis en place un casque électrique basse tension qui permet de chauffer les couleurs, une solution moins énergivore. »
Autre grande nouveauté ? « Nous avons supprimé les emballages en proposant une distribution de produits en vrac. C’est un vrai succès ! »
Un label pour faire connaître son engagement
Mis en place par le Pôle Coiffure d’AG2R La Mondiale, le label Développement durable, mon coiffeur s’engage permet de communiquer l’engagement du salon dans une démarche éco-responsable. Émilie Appert, responsable de développement, répond à nos questions.
Pouvez-vous nous présenter le label ?
« Nous avons présenté, en 2019, une nouvelle version du label, avec l’aide de l’Afnor, pour apporter encore plus de sérieux à la démarche tout en simplifiant le référentiel. Il est articulé autour de quatre grands axes : environnement, social, client et citoyenneté et territoire. Le label est désormais accessible aux salons d’application des écoles et CFA, ce qui permet de sensibiliser les plus jeunes, mais aussi les créateurs d’entreprise.La mise en place d’un réducteur d’eau, d’un contrat d’énergie verte, du recyclage des cheveux, d’une hotte aspirante… garantissent l’engagement du salon. »
Comment y accède-t-on ?
« Sur le site www.moncoiffeurengage.com , le candidat remplit un référentiel, envoyé ensuite à un organisme de certification indépendant, l’Apave Certification. En découlera un audit, en présentiel ou en distanciel, d’une durée de deux heures, pendant lesquelles l’auditeur va poser des questions. Si le rapport comptabilise 70 % des points, le salon est labellisé. Depuis 2022, le coût de l’audit a baissé, il est de 435 euros HT. Nous prenons ensuite en charge tout ce qui est support et ingénierie« .
435 euros… Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?
« Être reconnu par un label indépendant donne de la légitimité à la démarche. Pour le collaborateur, c’est un vrai projet d’entreprise. Il se sent investi et cela le fidélise. En tant qu’écocitoyen, le salon de coiffure est un lieu où l’on peut agir. Cela permet aussi d’entrer dans une démarche d’amélioration continue. On marque ce qui est fait à un instant T, on pourra donc voir ce qui a été amélioré. Finalement, le retour sur investissement est réel. En mettant en place le matériel demandé, certains salons affirment avoir vu leur facture baisser de 20 à 40 % !«
Comment voyez-vous l’avenir ?
« Les démarches sont complémentaires et toutes les initiatives sont bonnes à prendre. Nous devons embarquer tout le monde dans ce combat. C’est l’ensemble de l’écosystème de la coiffure qui doit se mobiliser« .
Les 8 gestes à adopter en salon en 2023
Entre consommation d’énergie et eaux polluées, les salons de coiffure sont souvent pointés du doigt comme l’un des commerces les plus polluants des centres-villes. À vous de jouer pour inverser la tendance !
1. Soigner l’éclairage
Évitez d’obstruer toutes les sources de lumière naturelle. Privilégiez un éclairage par poste, plutôt que sur l’ensemble du salon. Optez pour les lampes Led qui durent plus longtemps et consomment jusqu’à huit fois moins d’électricité. Dépoussiérez régulièrement vos luminaires. Oubliez les luminaires énergivores, comme l’halogène, notamment dans vos vitrines. Enfin, si vous n’avez pas placé d’interrupteurs à minuterie, rappelez à vos collaborateurs l’importance d’éteindre la lumière quand on sort d’une pièce.
2. Privilégier l’énergie verte
Aujourd’hui, tous les fournisseurs d’énergie proposent de l’énergie verte. Citons Enercoop, ilek, ekWateur, OHM Energie, TotalEnergies, Engie ou EDF. L’électricité est produite à partir de sources d’énergies renouvelables comme l’énergie hydraulique, éolienne, solaire, géothermique, houlomotrice, marémotrice ou issue de la biomasse (bois, gaz de décharge ou de stations d’épuration d’eaux usées, biogaz…).
3. Trier et recycler les déchets
Il existe plusieurs types de déchets dans votre salon. Pour éviter toute erreur, organisez le tri avec des codes couleurs pour chaque poubelle.
- Les déchets dangereux comme les tubes de coloration, les feuilles d’aluminium utilisées, les détergents ou les aérosols doivent être confiés à la déchetterie ou à des organismes privés. La Collecte du Coiffeur, leader de la collecte et du traitement des aérosols et des tubes de coloration, s’adapte à vos besoins, selon les horaires et les jours d’affluence ou le manque de place.
- Les déchets non dangereux (carton, flacon plastique, papier, verre), à trier correctement.
- Les cheveux. Ils représentent 4 000 tonnes de déchets par an. Le spécialiste Capillum vous facilite la vie dans cette démarche de valorisation : collecte en salon ou en point relais, kit de recyclage et de communication, référencement. Les vertus de la fibre capillaire ? Dépolluante, elle absorbe jusqu’à 8 fois son poids en hydrocarbures. Elle permet de préserver les sols et de limiter la consommation d’eau. En effet, 1 kg de cheveux = 200 litres d’eau économisés ! Le petit + ? Le cheveu a des vertus antilimaces ! Il est aussi utilisé dans la recherche cosmétique ou médicale pour la kératine. Autre filière ? L’association Coiffeurs Justes, fondée par Thierry Gras en 2015 et qui compte des milliers d’adhérents.
4. Investir dans des appareils peu énergivores
Tondeuses, sèche-cheveux, lisseurs, boucleurs… Pensez à les débrancher quand ils sont chargés ou qu’ils ne servent pas. Investissez dans des appareils économiques de performance énergétique de classe A. Un appareil de classe A+++ consomme jusqu’à 40 % de moins qu’un appareil de classe A+.
5. Utiliser les programmeurs
Lave-linge ou sèche-linge, utilisez les programmeurs pour les faire tourner en heures creuses. Idem pour le chauffage et la climatisation. Inutile de les laisser fonctionner à plein régime quand le salon est fermé.
Pour la climatisation, la technologie Inverter fonctionne en continu à vitesse variable pour compenser automatiquement les variations de température.
6. Économiser l’eau
En moyenne, un salon de coiffure utilise 180 000 litres par an. Ce qui en fait le commerce le plus gourmand en eau avec la boulangerie. Certains appliquent le shampooing sur cheveux secs, d’autres ont mis en place des réducteurs, mousseurs, aérateurs, douchettes ou encore récupérateurs d’eau.
L’Oréal prend le problème à bras le corps en s’associant à la start-up Gjosa pour créer Water Saver, une technologie qui permet de réduire de 69 % le volume d’eau utilisé, grâce à la micronisation de l’eau, associée à l’utilisation de cartouches de produits Kérastase ou L’Oréal Professionnel.