A quelques jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques, Audrey Borca reste focus. Co-fondatrice de A&R Création avec Raphaël Perrier, un atelier de conception de coiffures et de perruques pour le spectacle et le cinéma, elle aura largement contribué au succès des différentes cérémonies de Paris 2024. Le 26 juillet, les yeux du monde entier étaient rivés sur la capitale, avec plus de 24 millions de téléspectateurs !
Si le tableau « Festivités » semble avoir heurté certaines sensibilités, la parade sur la Seine a été à la hauteur de toutes les attentes. Dans la presse du monde entier, le travail de Thomas Jolly, directeur artistique, Daphné Bürki, directrice stylisme et Maud Le Pladec, directrice de la danse a été loué de manière unanime.
Chez Biblond, nous avons voulu mettre à l’honneur les artisans qui ont œuvré dans l’ombre pour que Paris 2024 soit une fête. En chef de file, Audrey Borca a dirigé les équipes de coiffeurs et maquilleurs pour que tout soit parfait lors des cérémonies. « Nous avons été contactés en décembre 2023 et nous avons intégré le projet en mars. Dès le mois d’avril, nous avions les mains dedans. Ce qui est plutôt court finalement. Participer aux Jeux Olympiques, c’est tout un process. Nous avons signé un contrat de confidentialité. Puis, nous avons travaillé avec le costumier Olivier Bériot, Daphné Bürki et Thomas Jolly pour dessiner petit à petit les tableaux selon les envies, les thèmes et les inspirations. Nous avons collaboré en quatuor, au fur et à mesure » nous explique la créatrice coiffeuse et perruquière.
Le 26 juillet, elle était entourée de 288 coiffeurs et maquilleurs pour que la mise en beauté soit à la hauteur de l’événement. « C’est aussi beaucoup d’organisation et un travail d’équipe. Il fallait avoir suffisamment de petites mains pour tout préparer en amont et être réactif. Anticiper au maximum. Tout doit être prêt le jour J. Il y a beaucoup de contraintes, notamment de sécurité et d’accréditation. Nous devions nous assurer qu’il ne nous manque rien » poursuit-elle. Audrey Borca tient à souligner qu’une mission d’une telle envergure est le fruit d’un travail d’équipe. « Sans mes collaborateurs, je n’y serais jamais arrivée. »
Elle tient à citer, entre autres, Sylvain Rigault, son bras droit depuis 8 ans, costumier qui a géré toute la partie habillage, Clara Defois et Enguéran Ferotin, ses assistants pour la coiffure et le maquillage. Mais aussi Julia Touboulic, maquilleuse formée à la perruquerie, qui a beaucoup géré l’administratif et notamment les contrats. Zoé Cattelan qui a réalisé de nombreux essais maquillage dans l’atelier, Dylan Jegoux qui accompagne Audrey Borca au quotidien.
Elle convoque aussi Gregory Carlet, directeur technique et de production et Ghislain Delbecq, régisseur général.
Et comment s’est-elle sentie le jour J, à l’heure du coup d’envoi ?
« Il y a tellement de semaines de préparation en amont… Finalement, le moment venu, chacun est à son poste à faire ce qu’il maitrise le mieux. C’est un immense soulagement d’avoir réussi à ce que chacun soit confortablement installé pour faire ce qu’il fait le mieux. Que chacun puisse savourer ce qu’il est en train de faire… C’est une expérience unique. Pour moi, c’était un peu à la croisée de ce que je fais au quotidien, entre le cinéma et le théâtre. L’organisation d’un grand film avec les contraintes du live et d’un one shot. Il a fallu mêler tous les milieux dans lesquels j’évolue. Puis créer des contrats pour tout ce petit monde, tout en respectant le budget qui nous était alloué. »
Un challenge qu’Audrey Broca a relevé haut la main ! Les retours sont plus que positifs. Et ce n’est pas Raphaël Perrier qui dira le contraire. Le coiffeur-star n’est pas peu fier de sa collaboratrice dont il salue le travail. Pour sa part, en partenariat avec Procter and Gamble, il a été choisi pour créer un lieu unique au cœur du village Olympique. Dans ce salon de coiffure et beauté mis à disposition de tous les athlètes, les équipes ont du s’adapter à toutes les contraintes du sport de haut niveau. «C’était un challenge super intéressant. Il faut pouvoir accueillir tous les types de cheveux, toutes les textures. Mais aussi s’adapter à chaque discipline sportive. Les athlètes venaient pour se faire coiffer avant une épreuve ou pour un moment de détente. Nos équipes devaient jongler selon les demandes. Cheveux tirés ou tressés pour les gymnastes, styling, wavy, rasage, taper, hair design… Nous avions créé des looks en amont pour être force de proposition. » Le jeu en valait la chandelle.
« Au bout de trois jours, nous avions coiffé 800 personnes. Sur le village, il y avait 15 coiffeurs en permanence, qui accueillaient les sportifs entre 9 h et 21h. Et pour répondre à toutes les éventualités, il y a eu un gros travail de formation en amont. Nos coiffeurs devaient maitriser tous les types de cheveux » précise le directeur de l’Equipe de France de Coiffure.
Revenons à la parade nautique du 26 juillet. Sous une pluie battante, la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024 a mis en avant tous les savoir-faire qui font le chic à la Française. En coulisses, Denis Fischer se trouvait à la Conciergerie pour le tableau évoquant la Révolution Française. Une diva costumée en Marie-Antoinette décapitée a entonné le chant des Sans-culottes… « Ah ! ça ira, ça ira ! »
Le coiffeur-posticheur gardera un souvenir inoubliable de cette aventure. « Nous avons participé à un moment historique, international. D’autant plus que c’était la première fois qu’une cérémonie d’ouverture se passait hors d’un stade. Nous ne réalisions pas vraiment sur le coup ce qui se vivait » raconte Denis Fischer.
Et comment s’est mise en place cette mission ?
« Une copine avec qui j’allais à l’école m’a proposé le projet. J’ai été contacté 3 mois à l’avance puis j’ai signé mon contrat un mois avant. Mais tout est tellement verrouillé que jusqu’au matin du jour J, je ne savais pas ce qu’on allait créer. Seule Audrey Borca et Raphaël Perrier connaissaient le projet de A à Z. Tout est totalement confidentiel. »
Dès midi, les équipes se sont mis à l’œuvre, après avoir récupéré deux jours avant les fameuses accréditations, précieux sésames pour accéder aux lieux d’organisation. Le point de rendez-vous était fixé à l’Hôtel de Ville où les artisans ont récupéré leur bracelet d’accès. « Puis nous avons été dispersés en 12 postes de coiffure. A la Conciergerie, nous étions une quarantaine » se souvient Denis Fischer. « Sur notre tableau, il y avait des acrobates. Donc au-delà de la pluie battante, il fallait réaliser des coiffures tout-terrain. J’ai mis tout mon savoir-faire pour que ces looks résistent à la pluie mais aussi à la danse. Il y a plusieurs répétitions dans la journée… Donc tu fais et refais les mêmes gestes plusieurs fois » souligne-t-il.
Et le lendemain ?
« J’étais si fatigué que je n’ai pas pu sortir de chez moi » plaisante-t-il.