Tout a commencé par un reportage diffusé sur BFMTV début août. La journaliste annonçait une crise sans précédent pour la profession. 602 salons de coiffure en situation de défaillance au premier semestre, soit une hausse de 181 % des faillites par rapport en 2021.
En cause, l’inflation, la hausse de l’énergie, la baisse du pouvoir d’achat, les PGE à rembourser…
Depuis la crise sanitaire, quand il avait été reconnu commerce essentiel, on a rarement autant entendu parler du métier que cet été.
Les raisons invoquées ? Une concurrence de plus en plus forte dans les villes moyennes et les métropoles – il y a en France trois fois plus de salons qu’en Angleterre !
Pour tenter de se sortir de situations compliquées, certains salons baissent les prix, suppriment des postes, étendent les horaires de travail…
Comme un va-tout pour éviter à tout prix la fermeture des portes.
Parmi les porte-paroles de cette crise, le coiffeur star Nicolas Waldorf qui avait tiré la sonnette d’alarme sur le site de Biblond quelques semaines plus tôt. (Lire notre article)
Sur les réseaux sociaux, le reportage a trouvé écho puisque l’on compte à ce jour 1,4 K de partages. Seuls les grands salons florissants se sont offusqués, se targuant d’être complets plusieurs mois à l’avance. Ce pic de faillite a aussi été relayé par Sud Ouest, Courrier international ou TF1 info.
Sur le site du magazine Elle, on s’interroge sur les raisons de cette hausse de 41 % des salons en faillite par rapport à 2022, rappelant qu’il y a désormais 100 000 établissements de coiffure en France, contre 85 000 il y a cinq ans.
«Depuis le Covid, il y a un grand nombre d’établissements de coiffure qui se sont créés, mais peut-être qu’il y en a trop. Ce n’est pas en multipliant les salons qu’on arrivera à mieux se partager le gâteau », a affirmé Christophe Doré, président de l’UNEC à l’AFP.
Trop de salons, donc, mais aussi la baisse du pouvoir d’achat des ménages qui espacent les rendez-vous, à l’heure où il est difficile de remplir le frigo.
Ces derniers jours, c’est le journal Le Monde qui s’intéresse à la profession. L’article de Jules Thomas évoque la remise en question du modèle du « salon » – notamment les petites entreprises – au profit du coworking, prenant pour témoins des microentrepreneurs qui ont trouvé leur bonheur en se lançant en free-lance à La Fabrica, un lieu où une quarantaine de coiffeurs louent leur fauteuil à l’heure.
Les raisons principales ?
La liberté et la souplesse dans les horaires.
Aucun doute : la rentrée s’annonce chargée et les prochains mois décisifs.
Cette crise sans précédent n’est pas sans conséquences… En cessation de paiement depuis le 8 juin, le groupe de cosmétiques Eugène Perma – qui compte les marques Pétrole Hahn, Kéranove Naturanove et Carmen – a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de Paris le 1er août. Coup dur pour ses 280 salariés dont 90 dans l’usine de Reims. L’entreprise a pris l’initiative de se placer sous la protection du tribunal.
Les raisons de cet affaiblissement ?
Toujours les mêmes ! Crise sanitaire puis inflation. « Affaibli par la crise sanitaire et pénalisé par un endettement important, le groupe Eugène Perma a été ébranlé en 2022 par l’impact de l’inflation et la détérioration des marges. À la suite de la rupture des négociations entre le groupe et ses créanciers financiers, et donc privé de leur soutien, Eugène Perma a été confronté à un effondrement soudain de sa trésorerie. Le groupe a donc décidé de se placer sous la protection du Tribunal de Commerce de Paris en ouvrant une procédure de redressement judiciaire le 1er août 2023. Cette procédure permet au groupe de continuer son activité, tout en se donnant le temps de trouver un adossement capitalistique », nous précise-t-on chez Perma.
Le groupe, qui entend préserver l’emploi, se dit pourtant confiant. Avec le soutien de ses clients, il est confiant dans sa capacité à surmonter cette période délicate et de poursuivre ainsi son rôle et son activité au service de la coiffure, comme c’est le cas depuis plus de cent ans. « Toutes les équipes sont mobilisées pour sortir de cette crise par le haut tout en continuant d’assurer le meilleur niveau de satisfaction possible. » Et de rappeler qu’Eugène Perma est l’une des dernières ETI (entreprises de taille intermédiaire) françaises dans le secteur de l’hygiène et de la beauté face à des entreprises multinationales. Un argument de taille pour ceux qui pourraient être intéressés. À ceux qui voudraient faire une offre de reprise : vous avez jusqu’au 4 septembre. Un jugement sera rendu fin octobre.