Alors qu’ils désertent les villes de Province, les salons au charme d’antan, mamies derrière le comptoir et casque rétro, font carton plein dans les capitales. Nouvelle lubie ou tendance de fond ?
Après des balbutiements dans les 60’s, la mode vintage est née en 1971 avec la collection Libération, d’Yves Saint Laurent, inspirée de l’Occupation. « Les femmes ont commencé à chiner dans les greniers pour singer ce style », explique le spécialiste Didier Ludot. Dans les 90’s, Kate Moss s’affiche dans des modèles griffés Ossie Clark, le créateur star du Swinging London. S’il n’a jamais disparu de la scène médiatique, le courant s’est réveillé avec l’arrivée de séries comme Mad Men qui nous plonge dans le monde de la pub des années 1960.
Le coiffage, must have des hipsters
En 2012, les branchés s’appellent les « hipsters ». On les reconnaît à leur look qui frise le ringard, leurs épaisses lunettes et leur coiffure ! Petits frères des bobos, messieurs arborent la banane et se font chouchouter chez le barbier. Mesdames, quant à elles, remettent au goût du jour mises en plis et bigoudis. Le comble du chic ? Aller dans un salon traditionnel bavarder avec les mamies. Vous l’aurez compris : le moderne, c’est out !
Passé recomposé
Force est de constater que le rétro cartonne. Les « néosalons » usent et abusent du mobilier ancien. Même constat dans les packagings qui se teintent d’une touche désuète séduisante. Figure de la coiffure vintage, Belinda Hay a sorti un livre
de tutoriels pour faire ses boucles soi-même. À Londres, son salon spécialisé ne désemplit pas. Ce succès n’a pas échappé à la boutique Mamie Vintage à Paris. Cette friperie de référence propose un service relooking où Brigitte apprend à la cliente à se coiffer comme Marilyn ou Betty Page. Un look glamour ou zazou pour une coquette somme.
Un snobisme éphémère ?
Doit-on investir dans du vieux matériel pour rayonner ? « Cette tendance fleurit dans les grandes villes qui brassent différentes cultures. En Province, un look original est difficile à assumer », constate Emeline, coiffeuse à Nantes.
« Les jeunes veulent du lisse », confirme la gérante du salon Frédéric B, à Sens.
Conclusion ? On peut douter de la pérennité de cette tendance. Cette nouvelle manière de se distinguer de la masse devrait s’éteindre… à la prochaine lubie de la « branchitude » !
Un savoir-faire traditionnel qui s’expose !
Fabrice Guyot a sillonné la France dans le cadre d’un reportage pour Marie Claire. De son périple, il a rapporté de beaux clichés de salons de mamies. « Il n’en reste plus beaucoup. Le salon vieillit avec la coiffeuse et les clientes, puis il est rénové avec les nouveaux venus. » Ce portfolio Coiffure pour Dames fait l’objet d’une exposition itinérante dans les Fnac.
Julie de los Rios
Patrick Ahmed / L’invité de la rédac’
Il faut vivre avec son époque sans toujours se retourner vers le passé. On peut utiliser les techniques très intéressantes du passé et s’y référer, bien entendu, pour puiser ses sources d’inspiration, mais il faut surtout savoir réinventer le passé en gardant les codes de notre époque. La mode est cyclique, mais il faut avant tout se l’approprier.