Le prochain numéro de Biblond ne va pas tarder à pointer le bout de son nez… Voici en exclusivité l’édito de ce magazine ! François Brouard y livre une analyse du secteur de la coiffure, en reprenant une petite phrase qui résonne comme un leitmotiv sur le marché de la coiffure.
Cette expression, assénée avec force comme une réponse à tous les maux des coiffeurs ou de la coiffure, résonne de plus en plus sur les réseaux sociaux. Ce cri, sensé balayer du revers de la main tout événement arrivant sur ce marché en crise mais très concurrentiel, semble pourtant être la seule arme de coiffeurs en proie aux doutes et épuisés par la mutation du métier.
Une chaîne installe un concept de coupe à 10 euros dans les hypers et les gares : « Ça dévalorise la coiffure ! », alors qu’on peut tout à fait adopter ce concept en plus de son salon « classique » pour développer son business sur une clientèle différente.
Un coiffeur à l’idée de former ses clientes à réaliser elles-mêmes un certain nombre d’actions sur leur chevelure : « Ça dévalorise la coiffure ! ». Le conseil est pourtant la meilleure arme de fidélisation.
Une chaîne de télévision, afin de faire de l’audience, trouve un concept de coaching pour salon en difficulté : « Ça dévalorise la coiffure ! ». Nombre de salons vont pourtant ouvrir les yeux sur leur situation et y trouver des remèdes simples. Des Japonais inventent un robot shampooineur : « Ça dévalorise la coiffure ! ». Vous en connaissez beaucoup, vous, des femmes qui souhaiteraient passer dans une machine ?…
Pourtant, personne ne pense dévaloriser un métier en avalant un hamburger dans un fast-food plutôt qu’en allant dîner chez Robuchon ou en achetant son costume chez Zara plutôt qu’un sur- mesure chez Saint Laurent. Chacun d’entre nous adapte sa consommation à son pouvoir d’achat ou à son besoin du moment. Qu’il s’agisse de cuisine ou de coiffure, il y a de nombreuses façons de vivre de ces métiers.
Observons comment les mutations ont brisé des systèmes refusant d’évoluer, persuadés que la meilleure défense, c’est… la défense : les maisons de disques qui ont refusé de faire évoluer leur business model avec l’arrivée de la musique numérique ont été supplantées par Apple, Deezer ou Spotify. Les taxis qui ont refusé de passer à des outils mobiles ou à définir une charte d’accueil du client se font tailler des croupières par le système Uber.
En tant que média professionnel, j’ai la chance de rencontrer, d’admirer, des coiffeurs qui sont capables au final de transformer le système et faire que ce métier soit plus rémunérateur pour ses acteurs. Ils ont tous des points en commun : amoureux de la coiffure, force de travail, courageux, gestionnaire, investisseur, leader, spécialiste en ressources humaines, en marketing et bien souvent n’ont « qu’un » CAP en poche.
Ces personnes, en plus de permettre une vraie évolution professionnelle, peuvent offrir aux coiffeurs des rémunérations supérieures à 3500 euros. Ça a marché pour eux il y a vingt ans, mais, quel parent d’aujourd’hui orienterait volontiers son enfant prometteur vers un secteur dont l’entrée se fait au niveau CAP ?
La revalorisation des métiers de la coiffure passera forcément par une redéfinition de ses formations, afin d’amener les meilleurs éléments à des niveaux de connaissance leur permettant d’exercer à tous les niveaux de ce secteur, voire de réinventer le business de la coiffure.
« Ça dévalorise la coiffure ! » ou comment s’enfermer dans une posture léthargique. Et vous, quels sont vos avis ? Continuez à nous lire et à partager avec nous. Pour cela, pensez à vous abonner pour ne rien louper, et avoir à votre disposition tout le contenu Biblond (sur le web et en recevant le magazine). Pour vous abonner cliquez ici ! Vous pouvez aussi continuer à glaner des conseils en feuilletant les pages des magazines précédents. Les anciens magazines sont consultables par là.
©Photo Flavien Prioreau