C’était il y a un peu plus d’un an… Face au refus du Ministre de l’Economie, Bruno Lemaire, de baisser la TVA de la coiffure à 10 %, évoquant des conséquences trop lourdes pour les finances publiques, Sophie Coudair, coiffeuse depuis 30 ans, à la tête de deux salons (Aux Deux Cheveux ) et d’un institut de beauté à Digne-les-Bains, n’a pas dit son dernier mot.
« Tout a commencé pendant le premier confinement – pour rappel du 17 mars au 10 mai 2020 NDLR. Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des choses pas trop normales. La coiffure est un service, nous ne sommes pas un luxe. Or on paie la TVA à 20 % comme les chapeliers, les garagistes et les paysagistes. Tous les autres métiers sont à 10 % ou sans TVA quand ils sont sous le statut d’autoentrepreneur. Quand on va chez le garagiste, on paie en général au moins 70 euros de l’heure, hors pièces ! » explique-t-elle. La solution d’augmenter les prix ? cette entrepreneuse n’y croit pas ! « Si on augmente nos tarifs, les clients espaceront les rendez-vous ! On gagnera certes du temps mais toujours pas d’argent… Et cela ouvrira la porte au travail dissimilé ! » insiste-t-elle.
La coiffure n’est pas un luxe
La baisse de la TVA à 10 % pour les professionnels de la coiffure et de l’esthétique, cette originaire de Lyon n’en démord pas. « C’est la solution pour s’en sortir sans augmenter forcément nos tarifs. Nous ne sommes pas contre payer les charges. C’est normal de participer à l’économie. Mais la TVA à 20 % cela nous plombe ! Nous ne sommes pas un luxe, il a été prouvé pendant la crise sanitaire que nous sommes un commerce essentiel. En quoi aller chez le coiffeur est-il plus un luxe que déjeuner au restaurant (pour qui la TVA est à 10 %) ? »
Après s’être mobilisée sans relâche avec d’autres professionnels devant la préfecture de Digne-les-Bains, cette entrepreneuse a mis en place une pétition. « Nous sommes à plus de 1500 signatures. Même nos clients s’engagent avec nous. Tous les mois, nous envoyons la pétition à l’UNEC… Cela reste sans réponse de leur part ! » souligne celle qui a aussi écrit directement au Ministre de l’Economie. « Je lui explique que certes, en acceptant cette baisse de TVA, il allait perdre des millions. Mais il y gagnera car il y aura moins de travail dissimulé ! On pourra aussi s’engager à augmenter les grilles de salaires et donc remotiver les jeunes à devenir coiffeur. J’ai même fait le calcul dans mon entreprise. Avec mes 12 collaborateurs, sans changer mes prix, si la TVA passe à 10 %, je peux les augmenter de 20 %, y compris les apprentis ! »
Si elle reste combative, notamment via le groupe Facebook qu’elle a créé, Tous Ensemble Pour La Coiffure Et L Esthétique, qui compte 4,7 K d’abonnés, elle reconnait qu’elle ne peut pas y arriver toute seule ! « Certes, je suis coachée par Marco Geraci, faisant partie du groupe Artemoda. J’essaie de faire bouger les choses mais j’ai besoin que tous les coiffeurs me rejoignent. Ils râlent facilement sur les réseaux sociaux mais finalement ne se mobilisent pas. Les syndicats ne nous aident pas non plus. Quand la restauration obtient gain de cause, nous, on reste derrière le fauteuil à attendre ! J’invite tous les professionnels de la coiffure et de l’esthétique à signer la pétition et à l’envoyer aux dirigeants. S’ils reçoivent des milliers de courriers, cela va les faire réagir. Rappelons que sur 80 000 salons, beaucoup de coiffeurs travaillent seuls et ils n’arrivent pas à se payer ! » Pour continuer à faire connaitre son action, Sophie Coudair communique. « Nous étions récemment au Beauté Sélection de Lyon pour distribuer des flyers… »