Photographe dans la mode et la beauté depuis vingt ans, Laurent Darmon vit toujours entre deux castings. Avant même la fin de l’école de photographie à Toulouse, il a enchaîné sur des commandes. Pendant dix ans, il n’a cessé de voyager aux quatre coins du monde, des Maldives au Brésil, pour réaliser des clichés dans la mode. Depuis dix ans, il shoote aussi en studio. À 43 ans, Laurent Darmon a acquis une reconnaissance et une maîtrise qui lui donne une grande liberté. Il détaille pour Biblond les étapes qui président à une image finale et sa vision du métier.
« J’ai des agents à travers le monde qui me sollicitent. Je travaille pour des magazines ou des annonceurs. Je fais quatre ou cinq castings par mois. Pour organiser tout cela, il faut récupérer toutes les informations. Je vois les filles que les agences de mannequins m’ont conseillées. C’est une partie de mon travail qui demande du temps et que j’aime approfondir. La présélection peut concerner 200 filles, et j’en “ préshoote ” une cinquantaine. Je tourne des vidéos de chacune d’elles, en plusieurs fois et je tente de découvrir des expressions et des émotions qui n’existent pas sur les photos. Il faut aller au-delà de la classique photographie de beauté.
La prise de vue est l’aspect le plus intéressant. Si le casting a été bien fait, le photographe peut vraiment s’amuser. C’est une partie véritablement artistique, de recherche dans le jeu avec la lumière. Grâce à ma double expérience du voyage et du studio, j’aime les deux lumières : extérieure et intérieure. Dans la mode et la beauté, le sujet est toujours en mouvement. C’est un plaisir de saisir toutes les palettes de l’expression. Je cherche aussi l’accident. Je peux faire sauter quelqu’un trente fois de suite pour saisir l’instant magique !
Depuis deux ans, je travaille en numérique. Il me faut parfois 300 photos pour toucher au but. En une journée, je peux parvenir à réaliser deux ou trois photos. La coiffure en particulier prend beaucoup de temps. C’est la spécialité la plus dure et la plus précise. Déjà, coiffer un modèle peut prendre deux ou trois heures en cabine. Il faut tout optimiser : les textures, la matière, les formes, les couleurs. Il faut pratiquer l’excellence, la coiffure ne peut pas se retoucher, comme un vêtement trop grand ou un maquillage… Une mauvaise prise de vue ne pardonne pas, il faut savoir saisir une matière vivante ! Cette fragilité de l’instant ne peut jamais être reproduite.
Vient ensuite l’étape de la présélection. J’aime bien laisser “ décanter ” une semaine avant de faire mes choix. En général, j’en propose deux… Au moment du tirage, il faut trouver la bonne couleur et le bon contraste. Je suis toujours en quête d’une nouvelle expression, d’un nouveau regard.
Je souhaite avoir une écriture photographique qui soit reconnue. Avec l’évolution des techniques de la mode, il est possible de trouver une nouvelle écriture. En matière de style, je fais partie de l’ancienne école, une culture plutôt classique. J’aime le glamour, les belles femmes. Il est plus difficile, je pense, de faire du beau simple qui perdure qu’une image plus moderne dont on se lasse vite ! »