Situés en plein coeur d’un centre commercial, dans une station balnéaire ou en centre-ville, tous les salons de coiffure ne sont pas logés à la même enseigne en matière d’ouverture dominicale. Qui peut ouvrir ? Est-ce vraiment intéressant ? Biblond démêle cette question pour vous.
Une expérience intéressante
Le salon de Danielle Zemmour à Paris ouvre le dimanche. Cette coiffeuse n’imagine pas revenir en arrière. D’autant que travailler ce jour-là est loin d’être une corvée. « C’est dix fois plus relax. La clientèle est complètement différente parce qu’elle est moins pressée. » Un plus pour ses clients et pour elle ! Mais contrairement au reste de la semaine, le dimanche, Danielle Zemmour est seule. La gérante n’a pas le droit de faire venir ses salariés.
Du cas par cas
Et oui, prudence, il n’y a pas de règle générale. Plutôt une multitude d’exceptions. Depuis 2009, la loi a élargi les possibilités de dérogations.
Dans certaines grandes zones commerciales, l’ouverture peut être autorisée par la préfecture. En échange, les salariés sont payés double et ils ont un autre jour de repos.
Dans les communes classées d’intérêt touristique, les démarches sont plus simples. Il n’y a pas besoin d’autorisation administrative.
Si l’on note plus de possibilités, cela n’empêche pas certains départements de faire de la résistance. En Seine-Maritime, par exemple, la préfecture a décidé d’interdire cette pratique. Et cela avec ou sans salarié. Une situation « aberrante » pour Anthony Mairesse qui a découvert avec stupéfaction qu’il ne pouvait pas ouvrir le dimanche, alors que dans le village voisin c’est possible. « Il faudrait que je déplace mon salon d’un kilomètre ? », demande-t-il agacé. Anthony Mairesse voudrait au moins ouvrir en saison. « Un coiffeur est là pour les événements ! »
Pour savoir quelles règles vous concernent, renseignez-vous auprès de votre préfecture ou de votre Fédération de la coiffure.
L’occasion d’apporter sa différence
Est-ce vraiment un plus ? « Dans l’alimentaire, l’ameublement, cela peut être intéressant. Dans les services pas vraiment », estime Anne Delannoy, directrice adjointe de la Fédération nationale
de la coiffure.
Pourtant, Danielle Zemmour estime rendre un vrai service ce jour-là. « J’ai parfois trois fois plus de personnes qu’un mercredi. » Et c’est aussi l’occasion de se démarquer.
Stéphane Amaru, directeur du salon Didact Hair Building à Paris, utilise ce jour pour « faire du buzz, plus que du commerce direct ». Un dimanche par mois, par exemple, les mamans y apprennent à couper les cheveux de leurs enfants.
Pour ces coiffeurs convaincus, cette pratique correspond aux nouveaux modes de consommation. « C’est une liberté de plus pour les clients qui sont ravis. Cela arrange tout le monde », conclut Danielle Zemmour.
En pratique
Il est possible d’ouvrir le dimanche avec des salariés dans les communes reconnues d’intérêt touristique et dans les « périmètres d’usage de consommation exceptionnel », comme les grands centres commerciaux. Hors de ces zones dérogatoires, seuls les chefs d’entreprise peuvent travailler.
Certains départements l’interdisent totalement. Il faut donc se renseigner auprès de la préfecture ou de la Fédération de la coiffure. Le travail du dimanche reste soumis à de nombreuses contraintes. Avant d’entamer des démarches, chaque coiffeur doit estimer si cela en vaut la peine (répondre à une attente des clients, marquer sa différence par rapport aux salons concurrents, etc.).
*Jérôme Tiercelet, invité à la rédaction : « Je suis mitigé à ce sujet. Il est difficile de faire travailler les gens un dimanche car, on le sait bien, on nous en demande déjà de plus en plus. Il est vrai qu’ouvrir le dimanche peut nous permettre d’avoir une clientèle différente, et cela peut être également intéressant par la suite pour le chiffre. Mais il ne faut pas pour autant en oublier de prendre du temps pour soi ! »
Noémie Guillotin