Le président du groupe Provalliance a des salons de coiffure en France et à l’international. Très proche de ses collaborateurs, il est attentif à l’évolution du Covid-19 et nous fait partager ses inquiétudes, tout en insistant sur le fait qu’il n’est pas un expert de la santé publique et qu’il s’exprime ici en tant que chef d’entreprise et coiffeur.
Franck Provost, qui a annoncé le report du séminaire Provalliance pour cause de Covid-19, a répondu à nos questions avant l’intervention du président de la république.
La situation en France évolue tous les jours. Quels conseils souhaitez-vous donner aux chefs d’entreprise de la coiffure ?
Les mêmes que je m’applique à moi-même : donner les bonnes consignes aux collaborateurs, peu importent le niveau, l’âge ou la qualification des salariés. J’espère que les managers et franchisés suivront et afficheront dans les vestiaires, laboratoires et sanitaires les consignes du ministère de la Santé que nous avons envoyées à tous les salons de nos réseaux, franchises et succursales, en France et à l’international.
C’est le devoir d’un chef d’entreprise, et encore plus dans la coiffure, de prendre soin des équipes, en renforçant les procédures d’hygiène et en veillant à garder ces bonnes habitudes lorsque ce virus sera vaincu. Le conseil que j’ai envie de donner aux patrons est de ne pas s’enfermer dans leurs bureaux : une équipe doit se sentir soutenue, si vous n’êtes pas présent auprès d’elle, cela envoie un mauvais signal et installera un climat de méfiance, d’insécurité du lieu de travail qui risque de se percevoir dans tout le salon.
Selon vous, quel impact cette épidémie de Covid-19 aura-t-elle sur la bonne marche de leur entreprise ?
Les économistes évoquent beaucoup l’impact du coronavirus sur l’économie mondiale, sur le secteur du luxe et des grandes entreprises internationales, et pas suffisamment les effets à court, moyen et long termes concernant les petites entreprises et les commerces de proximité. On constate à ce jour que dans les centres commerciaux qui se trouvent à proximité des principaux clusters, la fréquentation a chuté et l’effet est immédiat sur le nombre de visites dans les salons et ce, toutes enseignes confondues. Mais pour le reste du territoire, nous n’avons pas encore assez de recul.
Vous savez, dernièrement nous avons eu les gilets jaunes, les grèves et beaucoup d’autres ! À chaque fois, l’impact dépend de l’emplacement du salon, des villes, des régions, mais aussi du comportement et de la réaction des managers, des équipes… Il y a beaucoup de paramètres qui doivent être pris en compte. Je ne suis pas de nature alarmiste ou pessimiste, mais une fois encore nous n’avons pas, à ce jour, assez de recul, en France. Je peux vous dire qu’en Italie nous connaissons de sérieuses difficultés, mais nous nous relèverons tous ensemble car je crois profondément que notre métier, notre savoir-faire resteront irremplaçables… tant que les cheveux pousseront !
Pensez-vous que l’on doive imposer certaines actions aux personnes qui travaillent dans les salons de coiffure en France ?
La limite entre imposer et réglementer n’est pas toujours évidente. C’est bien pour cela, et fort heureusement, que le système français nous interdit d’imposer des actions autres que celles de suivre les recommandations des autorités sanitaires. Faire preuve de vigilance et de bon sens ne peut être imposé. Imaginez-vous, si toutes les clientes ou collaborateurs étaient obligés de se soumettre à un formulaire de santé quotidien ou bien à un relevé de leur température… ! Outre les problématiques liées au respect de la vie privée, ce serait techniquement totalement ingérable.
Vivre en société, au-delà d’une règlementation ministérielle, c’est faire preuve de bon sens et de respect pour autrui. C’est pour cette raison que j’ai pris la décision, avant que le gouvernement ne fasse d’annonce officielle concernant les rassemblements de plus de 1 000 personnes, d’appliquer le principe de précaution et de reporter au mois d’octobre 2020 le séminaire annuel des marques Franck Provost et Fabio Salsa, initialement prévu à la fin de ce mois de mars. Se réunir doit être une « fête », alors comment le faire dans la crainte d’attraper un virus, sans pouvoir se faire la bise, se serrer la main ? Je ne pouvais et ne voulais pas exposer l’ensemble de nos franchisés et collaborateurs à un risque supplémentaire.