Pour les coiffeurs, l’année 2022 restera marquée par différents facteurs qui ont impacté la vie du salon. Sortis de la crise sanitaire, nous avons cru enfin souffler… C’était sans compter sur le contexte géopolitique. La guerre en Ukraine, la flambée de l’énergie, la hausse des matières premières, la baisse du pouvoir d’achat… Autre gros sujet ? Le manque de candidats et les difficultés de recrutement. Pour connaitre au mieux les préoccupations des coiffeurs pour l’avenir de leur salon, Biblond a mis en place un sondage sur Linkedin. Résultats ? 40 % se disent préoccupés par les difficultés de recrutement, 40 % par les hausses en général et 13 % par la hausse de l’électricité. Seuls 7 % ne sont pas inquiets. Toutefois, tout n’est pas si sombre. Pour terminer cette année en beauté, Biblond donne la parole à Christophe Doré. « En bon Normand » comme il se présente lui-même, le président de l’UNEC voit du bon et du moins bon.
Bonjour Christophe Doré, peut-on faire un petit bilan de cette année 2022 qui s’achève ?
La première partie de l’année a été marquée par une reprise palpable. La sortie de la pandémie était une situation favorable, économiquement parlant. Hélas, dès septembre, la question de la sobriété est arrivée de plein fouet. La hausse du prix de l’énergie aura un impact indéniable sur nos salons de coiffure même si nous ne sommes pas les entreprises les plus touchées. Les consommateurs dont le budget est aussi impacté vont réfléchir à comment consommer. Cela bouscule forcément le nombre de visites en salon.
On sortait de cette pandémie, cela repartait de plus belle. Hélas nous ressentons une inquiétude grandissante depuis septembre. Sans parler de la guerre qui sévit à nos portes, en plus de cette crise énergétique. Les esprits sont marqués. Il va falloir en prendre compte les mois à venir. Malgré tout cela, 2022 devrait être, sur le plan économique, plutôt une bonne année. On a aussi vu une pérennisation des aides à la formation avec notamment les 6000 euros accordés pour la première année d’apprentissage.
Résultats ? C’est une année record avec 20 000 apprentis. Certes, le métier a connu un déficit de candidats. Mais les chefs d’entreprise ont pris les choses à la bras le corps en misant sur le formation et l’apprentissage. L’Etat a entendu notre message, il fallait maintenir les aides.
Comment envisagez-vous l’année 2023 ?
Nous avons du mal à avoir une vision de ces prochains mois. A l’UNEC, nous travaillons en proximité avec les services de l’Etat. Avec le cabinet de Bercy, nous sommes en train de réaliser un guide de bonne pratique, sous forme de modèle pédagogique pour obtenir les aides de l’Etat par exemple. Il sortira début février. Nous allons mettre l’accent sur la transition écologique, le développement durable, la RSE… Ce sont des axes forts.
Pour 2023, je reste positif. Je suis convaincu que les difficultés de recrutement seront bientôt derrière nous. Elles étaient liées à une erreur politique de la part du gouvernement précédent qui avait baissé l’aide à la formation et donc entrainé la chute du nombre d’apprentis. Sachant qu’il faut entre 5 et 7 ans pour former un bon technicien, je pense que nous allons bientôt retrouver un volume de coiffeurs intéressant. Il faut rester confiant !
Quels sont les grands projets de l’UNEC ?
Nous avons lancé lors du MCB en septembre dernier l’I2CR – Institut Coiffeur-créateur-repreneur. (voir la news : l’I2CR, la nouvelle initiative de l’UNEC).
Les premières formations verront le jour avec un pilote en février 2023. Cet institut a pour vocation d’accompagner les jeunes créateurs ou repreneurs ou ceux qui veulent développer leur entreprise. Aujourd’hui, un chef d’entreprise doit avoir une mallette à outils complète. Il doit être capable de faire du marketing, de la communication du droit ou de la comptabilité. Nous devons les accompagner dans ce sens. Nous répondons à une vraie demande, en prouve l’engouement pour nos formations. Nous avons même des modules pour ceux qui veulent faire de la coiffure à domicile.
Nous avons aussi scellé un partenariat avec la CMA France (Chambre de métiers et de l’artisanat) pour faire dialoguer l’organisation professionnelle de l’UNEC et les chambres de métiers afin d’agrémenter nos modules de formation de leur expertise.
Nous allons gérer le pilotage des premiers Brevets de technicien des métiers en collaboration avec la chambre des métiers. L’idée est d’offrir un nouveau diplôme avec une vision différente. On avait le Brevet de Maitrise en niveau 3. Il y aura désormais aussi le BTM. Il ne s’agit pas de faire de la concurrence à la voie scolaire mais de proposer une autre formation que nous mettons en place avec les chambres de métiers. La coiffure doit aujourd’hui repenser son modèle. A nous d’être dans l’air du temps.
Nous sommes là pour représenter les chefs d’entreprise. Pour cela, je suis en permanente relation avec le gouvernement pour faire bouger les choses. J’ai cette représentativité auprès des décideurs. J’appelle donc au rassemblement auprès de l’UNEC. Plus nous serons nombreux, plus nous serons forts pour sortir des différentes problématiques du secteur.