Il n’y a pas qu’à la pompe que les prix flambent ! Avec la reprise après la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, c’est le prix de l’ensemble de matières premières qui s’envole. En février 2022, le prix du pétrole a connu une hausse de +11,6 % (après une hausse de + 16,1 % en janvier). Le prix des matières premières importées (hors énergie) a toutefois ralenti (+3,8 % après + 4,7%) comme celui des matières premières industrielles (+5,1 % après +7,7 %) mais il reste élevé. (sources Insee).
« Quelque soit le secteur d’activité, personne n’est épargné. Nous sommes dans une période compliquée et 2022 demeure incertaine. En effet, depuis 2021, avec la reprise du système productif mondial post-covid, les prix augmentaient. Le confit urkraino-russe n’a fait qu’accentuer les choses. Après l’arrêt général et les périodes de confinement, la Chine, qui est le poumon industriel mondial, a du assurer avec la reprise de l’économie. La demande a été exponentielle. Les usines ont eu du mal à repartir et la demande, plus forte que l’offre, a entrainé de manière mécanique une hausse des prix » souligne Eloïse Bremond, Directrice des Achats d’Eugène Perma.
A la fameuse loi de l’offre et de la demande s’ajoute la fermeture de certains ports, en Chine notamment.
« Quand la marchandise ne peut partir, il y a un étranglement. Les ports sont pleins mais ne peuvent pas faire partir pour livrer, ceci entrainant également une hausse des frais de transports. Couplé à la hausse du prix du pétrole, dont le marché s’est emballé… Tout cela percute forcément les industries. D’ailleurs, le pétrole est aussi utilisé dans les polymères qui composent les cosmétiques. Les emballages aussi sont très énergivores. Il y a une hausse comme on en a rarement vu depuis 20008 » poursuit la directrice des achats chez Eugène Perma.
Même constat chez Dessange.
« Nous sommes effectivement confrontés à des retards de livraison dus au fret maritime saturé ainsi qu’à des pénuries et des hausses tarifaires dues à la reprise économique mondiale et à la guerre en Ukraine. Cela touche aussi bien nos matières premières (qui rentrent dans la composition de nos produits) que nos articles de conditionnement (plastique, aluminium). Ces revalorisations tarifaires, qui intervenaient auparavant une fois par an, interviennent maintenant quasiment à chaque trimestre, voire à la commande » souligne Jean-Marie Camares, directeur du site industriel Dessange International.
Mais cela a-t-il un impact direct sur les salons de coiffure ?
« L’impact sur nos coûts de revient est très variable mais il est certain qu’on subit des pertes de points de marges car nous ne faisons pas de hausse tarifaire pour les absorber » poursuit Jean-Marie Camares chez Dessange. L’idée est donc de ne pas ou peu augmenter les prix auprès des coiffeurs-clients. Chez Eugène Perma, quelques prix ont été revus à la hausse mais particulièrement pour le catalogue grand public. En interne, on réfléchit pour réduire l’impact sur les bénéfices. « Pour absorber ces pertes, pour retrouver un équilibre sur nos marges et pour retrouver une certaine rentabilité…nous faisons des appels d’offre pour trouver des fournisseurs un peu moins chers. Mais hors de question de lésiner sur la qualité ! Le produit en lui-même ne change pas. »
Mais quelles sont solutions sont évoquées pour minimiser la hausse des prix ?
« La négociation bien sûr. Nous songeons aussi à reconceptualiser le produit. Mettre moins de paillettes. Repenser toute la conception du produit. Quand on fait de la surqualité, on peut remplacer un matériau dont le prix a flambé par un autre. Cela peut aussi passer des emballages moins onéreux » poursuit Eloïse Bremond, chez Perma.
Et comment envisage-t-elle 2022 ?
« On avait l’espoir que cette année soit meilleure de 2021. Puis il y a eu le conflit urkaino-russe. Cela a chamboulé beaucoup de choses. Par chance, chez Eugène Perma, nous ne sommes pas impactés directement. Mais quand on commande chez des fournisseurs, comme nous ne sommes pas des géants, nous passons après. Cela rallonge les délais et créé des incertitudes sur le marché. Comme tous les conflits armés… Et quand c’est aux portes de l’Europe, c’est encore pire. »