Loi Macron, l’avis de Franck Provost

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Président du CNEC, Franck Provost nous a livré son analyse du secteur si la loi Macron II venait à être votée.

 

Quel est votre avis sur cette loi ?

La loi Macron II traite principalement de l’économie numérique. Mais ce projet évoque également la suppression de l’obligation de la présence d’un titulaire du BP dans les entreprises de coiffure. Le BP, issu en 1946 d’une loi de santé publique, avait été mis en place pour répondre à une inquiétude de cette nature et assurer à la clientèle la garantie d’avoir dans l’entreprise un professionnel qualifié. De manière impropre, ce texte a été assimilé à un préalable à l’installation, ce qui n’est pas le cas, il est simplement exigé la présence d’un titulaire du BP par établissement. Cette exigence n’est ni un frein ni une entrave à l’installation, l’explosion du nombre d’activités de coiffure le démontre à loisir.

 

 

Selon vous, comment évoluerait la profession si cette loi venait à être votée ?

Les conséquences prévisibles seraient les suivantes : d’une part, l’exposition des clients au risque inhérent à l’utilisation de produits non toxiques, mais dont l’emploi requiert des connaissances et des compétences. D’autre part, l’excellent niveau de socialisation et d’insertion assuré par ces formations passe par cette exigence de diplôme qui amène des jeunes souvent exclus du système scolaire à un niveau IV. Cet aspect sociétal est aussi important. Nous voulons assurer au ministre que cette exigence n’est en aucun cas un pseudo-numerus clausus masqué, mais au contraire une assurance de qualité.

Je pense aussi que la suppression de cette exigence de qualification aurait des conséquences économiques non négligeables et entraînerait une substantielle diminution de la qualité des prestations de services des entreprises de coiffure.

 

Il faudrait donc une évolution du CAP ?

Le CNEC souhaite qu’au lieu d’être supprimé le diplôme soit réorienté et enrichi en termes de compétences techniques et d’employabilité. Nous adhérons à la démarche de modernisation de l’économie du projet de loi tout en en souhaitant une qualification appropriée aux attentes des entreprises et des consommateurs. Le CNEC souhaite vivement le maintien d’un cursus professionnel de qualité. Si cette loi devait être adoptée, nous ne pensons pas qu’il soit raisonnable d’imaginer un CAP ++, qui finalement ressemblerait au BP. Notre conception des futurs diplômes est la suivante :

  • CAP de niveau V et équivalent : personnel travaillant sous le contrôle d’un professionnel
  • BP niveau IV et équivalents : personnel autonome et ayant les compétences techniques nécessaires pour assurer la sécurité des consommateurs et la qualité des prestations.
  • Niveau III : personnel d’encadrement ayant acquis des compétences lui permettant l’encadrement ou la création, reprise d’entreprises (on peut d’ailleurs observer que cette exigence réduit sensiblement la sinistralité des entreprises nouvellement créées). Ce niveau est un niveau non contraignant, mais souhaitable pour une installation sereine.

Sur l’ensemble de ces niveaux, le BP n’est ni l’alpha ni l’oméga de la formation, mais répond à un certain nombre d’interrogations sur la capacité des professionnels. Le CNEC est prêt à proposer les adaptations afin de lever les interrogations sur la qualité du BP.

 

 

Le risque pour la santé des clients est-il important ?

Il faut s’entendre sur le sujet de mise en danger de la santé. Nous pensons que les professionnels de la coiffure utilisent des produits non toxiques, mais pas non plus anodins, car l’utilisation de ces produits requiert une parfaite connaissance des risques encourus en raison d’une utilisation inadaptée ou erronée. Le coiffeur doit aussi être capable d’évaluer la situation pour assurer la sécurité et la santé du client (atteintes cutanées par exemple). Cela s’apprend et se valide, et par ailleurs ces formations doivent permettre d’acquérir une dextérité et un savoir-faire. Cela ne peut être qu’un bénéfice commun. C’est pourquoi nous restons très attachés à cette exigence de qualification, coiffure à domicile incluse bien sûr.

 

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